Les meilleurs crus 2009 (albums)
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20.See Mistery LightsYACHT
Facétieux et empreint d’une sacrée dose d’ironie et de huitième degré via des paroles qui flairent bon les fumisteries new age, See Mystery Lights est à l’image de nombre de sorties estampillées DFA Records : on ressort des vieux tiroirs une foultitude de genres (new wave, post-punk, kraut et disco) et on laisse s’amuser des jeunes gens pétris de talent qui ont un don incomparable pour ratisser large et donner à l’ensemble un agréable parfum de modernité. Et forcément, quand ceux-ci ont le bon goût d’enrober le tout d’un esprit festif en diable, il devient très difficile de résister à ces dix vignettes qui sonnent comme une mise en bouche parfaite avant le plat de résistance que constituera le nouvel opus de LCD Soundystem.
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19.Bitte OrcaDirty Projectors
Aujourd'hui signé chez Domino, le groupe nous revient en force et en forme pour enfoncer le clou avec Bitte Orca, disque plus balisé sur lequel il continue néanmoins de jouer aux francs-tireurs de l'indie. En apparence absconse et réservée à un cercle restreint de foldingues, la musique façonnée par Dave Longstreth se révèle en fait des plus accessibles, et surtout moins indigeste que sur Rise Above, se permettant même de jouer la carte d'un classicisme folk magnifique sur "Two Doves". Pour le reste, les ingrédients qui avaient permis la reconnaissance du combo new-yorkais restent inchangés: rythmique saccadée, guitares insaisissables et mélange de voix haut perchées et cristallines, le tout formant un ensemble capiteux rendant plus fines que jamais les frontières qui séparent la pop du folk et de la world music.
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18.Dear JohnLoney Dear
Avec peu, Emil Svanängen emmène l’auditeur très loin, en voyage, sous l’eau ou sur les routes ensoleillées. Sans jamais sembler froid ou calculé, chaque détail est finement pesé, qu’il s’agisse de la mélodie sifflotée à la fin de "I Was Only Going Out", des arpèges de violons signés Andrew Bird sur "I Got Lost" ou de la chorale de poche qui sublime l’irrésistible "Distant". Bref, il y a de la pop et des envies de grands espaces dans ces morceaux souvent inondés de lumière et auxquels l’obscurité ne sied guère. Et quoi qu'il en soit, quelles que soient les inspirations de son auteur, rarement la mélancolie n’aura sonné aussi douce, aussi attirante, aussi engageante.
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17.AtavismSND
Atavism est véritablement l’album que Autechre n’a pas eu le cran (ou la créativité) de réaliser : il est le point de convergence entre la folie architecturale de Confield et du côté froid et abrupt entrevu sur Draft 7.30 et Untitled. Les dernières volutes ambient disparaissent et se radicalisent en claviers courts d’un dub digital glacial ; le rythme, de plus en plus syncopé à mesure qu’Autechre avançait, est devenu avec SND une machine épileptique et répétitive qui trouve finalement sa substance dans une forme avancée de post-techno faussement binaire. Tout dans Atavism est en lien constant avec ce qui précède et ce qui suit, les lignes de code mathématique s’enchaînent avec une cohérence de tous les instants, les rythmiques de chaque titre anticipant les suivantes comme elles rappellent furieusement les pistes antérieures.
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16.Perdu d'avanceOrelsan
Orelsan avait tout du buzz artificiel: des morceaux catchy combinés avec une promo maligne font souvent des soufflets qui retombent vite. Pourtant, "Perdu D'Avance" se trouve être un album fort pour le hip hop français. Il nous permet de découvrir un MC doué et doté d'une vision acérée de ses semblables. Son tour de force aura été de trouver les bons équilibres en délivrant cet album pertinent sans être intello, puissant sans être agressif et très contemporain sans être inaudible.
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15.Balance 014Joris Voorn
Joris Voorn connaît bien l’exercice de la sélection mixée et s’il en connaît les avantages, il redoute avant tout ses limites. Alors comme pour faire passer l’art de la sélection mixée dans le nouveau siècle, Joris Voorn décide de suivre les pas du maître Richie Hawtin afin de concevoir un mix entièrement monté de toutes pièces : les artistes présents sur cette sélection prêtent un de leurs kicks, un sample vocal, une volute ambient, un clavier ou un bleep, qui seront ensuite bouclés sur de courtes séquences et assemblés de manière à réaliser un exercice entièrement emprunté et à la fois totalement inédit. Et le résultat est tout simplement brillant, dépassant de très loin nos désirs les plus enfouis : toute cette matière entremêlée tire la musique électronique vers le haut, puisant dans une base techno-dub, house, ambient et tech house de quoi créer ces grands espaces rêveurs, des paysages constamment nivelés par ces montagnes d’émotions, ces cascades de rythme endiablés et ces forêts d’échos.
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14.XThe XX
La hype musicale de cette rentrée n'est plus fluo, mais noire et âpre, comme la crise que l'on est en train de vivre. La hype de la rentrée 2009 n'est plus une dance euphorique ou un rock furibond mais une pop romantique et glacée. La hype de la rentrée tient en deux lettres, comme les deux voix, l'une féminine et l'autre masculine, qui dialoguent tout au long de l'album. La hype de la rentrée 2009 se nomme XX ou The XX ; deux lettres blanches sur fond noir, pour un logo aussi épuré que leur musique. Symbole d'une époque grise et en crise, The XX nous sort un album à la fois sombre et lumineux, brillant et obsédant ; un album qui se révèle être un des grands disques de l'année, un album recouvert de noir mais laissant pourtant passer les rayons d'une lumière d'un blanc éclatant.
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13.Wolfgang Amadeus PhoenixWolfgang Amadeus Phoenix
L'homme qui a peut-être le mieux décrit la musique de Phoenix, c'est Sébastien Tellier: « La musique de Phoenix, c’est la musique des derniers jours de classe, avant les vacances d’été avec son lot d’émotions précieuses qui créent, quand on les ranime, la sensation de “paradis perdus” ». Voilà, on a trouvé les paradis perdus qui ont accompagnés notre été 2009, et peut-être même plus…
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12.GokBill Wells & Maher Shalal Hash Baz
Les membres de l'ensemble japonais Maher Shalal Hash Baz ne savent pas jouer de leur instrument, ils sont même objectivement catastrophiques si l'on prend un point de vue de Conservatoire. Mais eux ne sont pas des punks, ils ne jouent pas aussi mal par contestation. Ils le font en s'inscrivant dans une grande tradition artistique anti-conformiste, celle de l'art naïf. t pourtant la grande majorité des auditeurs se pâmera devant un disque aussi beau et émouvant. Quinze titres majoritairement courts pour que Bill Wells et son provisoire "bad band" (plutôt que big band) nous allument émotionnellement avec leurs cuivres déraillés, leur piano simplissime et leurs voix éparses et bouleversantes.
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11.Two DancersWild Beasts
Malgré un premier album positivement accueilli mais loin d'être exceptionnel et leur look carrément passe-partout, ces quatre jeunes garçons pourraient laisser penser qu'ils se spécialisent dans un rock indépendant tout ce qu'il y a de plus commun et croulant sous le poids de ses influences – une affirmation que Two Dancers permet de réfuter sans la moindre difficulté. Certes on décèle ci et là des éléments qui nous permettent de déterrer les racines folk, new wave et post-punk qui ont permis l'éclosion de la formation , mais dans l'ensemble, Two Dancers est un disque qui arrive sans forcer à imposer une personnalité et une tonalité qui lui est propre. Petits joyaux de précision et d'émotion, les dix compositions de ce deuxième album témoignent d'une sensibilité à fleur de peau qui se trouve sa plus belle expression dans le vibrato ébouriffant du guitariste et chanteur Hayden Thorpe, dont les comparaisons avec un certain Antony Hegarty sont aussi fréquentes que justifiées.
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