Les meilleurs crus 2008 (albums)

Comme chaque année, le label du club londonien Fabric a fait la pluie et le beau temps au rayon des sessions mixées. Si les invités étaient une fois de plus triés sur le volet (Metro Area, Steve Bug, M.A.N.D.Y, Âme,...), on retiendra surtout l’impeccable prestation du chilien Luciano. En seize titres seulement, Luciano trace les grandes lignes d’un parcours initiatique enivrant au moyen d’une house aux hanches bien en chair, groovy à s’en rompre les vertèbres. Fabric 41 est l’archétype de la soirée réussie : assez de lignes de basses plantureuses pour titiller le bassin des plus en forme , tout en conservant une ligne directrice pointue. Bref un très bon mix dans la grande tradition de l’école sud américaine. Si les parades bigarrées de Villalobos vous rendent hystériques mais que vous ne pouvez vous passer d’une bonne dose de rythmes ensoleillés, venez découvrir le versant dynamique de la house minimale en compagnie de ce très grand producteur. Sur que vous ne le regretterez pas.

Daedelus n'a jamais su aller dans une seule direction. Il a toujours fallu que ses disques aient du relief avec un art consommé du contrepied et ce sentiment d'être dans un film dont le décor ne cesse de changer, de se transformer. Peut-être est-ce le seul moyen qu'il a trouvé pour se réinventer. Quoi qu'il en soit, Daedelus n'est pas du genre à attendre l'éventualité d'un album prochain pour chercher de nouvelles idées. Chacun de ses disques est le témoin de sa capacité à changer sans cesse de direction, de multiplier les formes sonores empêchant ainsi toute routine. Mêlant pop, électro, hip-hop, soul, disco et cut-up en tous genres, Daedelus peut sans doute passer pour quelqu'un d'indécis, mais que personne ne soit dupe: l'homme sait très bien où il va et ses différentes facettes ne sauraient masquer sa formidable faculté à ne jamais se tromper sur ses choix artistiques.

Franc dans la manière de diriger sa brutalité avec une précision chirurgicale, Fuck Buttons n’en reste pas moins sournois au moment où il combine beauté édifiante et violence mesurée. Comme si le libertinage de Animal Collective rimait subitement avec les pulsions animales de Wolf Eyes, la louche de sensibilité finalement versée sur ce bûcher incandescent n’étant là que pour vous forcer à penser que tout va pour le mieux. Les Anglais s’attèlent donc à créer des ouvertures dans un système qu’ils savent volontairement fermé. Réinventer de l’espace pour des corps trahis par un attrait égal pour la boue autant que pour les absences rêveuses de soi. Pour une fois, la hype ne s’est pas trompée, on a bel et bien affaire à un groupe majeur en passe de devenir l’incontournable surprise de cette année.
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Quelle que soit la réussite de ce hit instantané qu'est "On my Shoulders", The Dø ne se résume pas à un seul morceau. Mais ça, il aura fallu attendre plus de six mois pour s'en rendre compte, avec la sortie ("At Last!"), à la mi-janvier 2008, de A Mouthful, leur premier album. Et pour une surprise, c'en est une très bonne. Car loin d'aligner les mélodies sucrées comme bon nombre de ce que ses congénères se seraient contentés de faire, en répétant à l'envi le modèle de "On my Shoulders", le duo formé par Dan Levy et Olivia B. Merilahti prend des risques manifestes sur cette galette et n'hésite pas à désarçonner un auditeur qui n'en demandait pas tant, pour un résultat aussi original qu'enthousiasmant.
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L’image qui sied le mieux à la formation brabançonne est celle de bricoleurs, d’artisans de la pop atmosphérique. Que ceux qui s’attendent à de nouvelles cartes postales de la Région Wallonne s’apprêtent à déchanter, les Girls In Hawaii reviennent cette fois avec un album faisait honneur aux virées champêtres, voire aux ballades forestières. D’un point de vue mélodique, le groupe a réussi à pondre un ensemble d’une rare cohérence, celle-ci étant décuplée par la puissance évocatrice du visuel, et frappe tellement fort qu’il mérite aujourd’hui sa place aux côtés des meilleures formations du genre, feu Grandaddy et Midlake.
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A l’écoute des neuf titres d’Alegranza, il sera assez facile de dresser un parallèle avec le Person Pitch de Panda Bear, disque magnifique qui reste encore gravé dans les mémoires des amateurs de pop psychotropée. A l’image de Noah Lennox, El Guincho affiche lui aussi, dans un déluge de couleurs criardes, son amour pour ces loops capiteux dont le seul but est de propulser son auditoire sur une autre planète où tout le monde il est beau et gentil. L’overdose n’est certes jamais très loin, mais c’est probablement cette promenade sur la corde raide qui rend l’écoute de ce Alegranza encore plus jouissive.
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Avec pour seuls compagnons une guitare et des souvenirs plein la tête, Bon Iver s'est lancé au cours de ce "bon hiver" dans l'élaboration d'un album sans prétention, mais tellement attachant. A l’image d’un Sam Beam (Iron & Wine) ou d’un Damien Jurado, l’Américain pond avec une aisance incroyable des mélodies fragiles et apaisées qui semblent être autant de portes ouvertes sur l’intimité de leur géniteur. Et à l’instar des deux artistes précités, Justin Vernon séduit immédiatement par la simplicité et l’honnêteté de ces compositions, qui n’ont pas leur pareil pour caresser dans le sens du poil l'amateur de folk boisé et introspectif.

Avec pour seuls compagnons une guitare et des souvenirs plein la tête, Bon Iver s'est lancé au cours de ce "bon hiver" dans l'élaboration d'un album sans prétention, mais tellement attachant. A l’image d’un Sam Beam (Iron & Wine) ou d’un Damien Jurado, l’Américain pond avec une aisance incroyable des mélodies fragiles et apaisées qui semblent être autant de portes ouvertes sur l’intimité de leur géniteur. Et à l’instar des deux artistes précités, Justin Vernon séduit immédiatement par la simplicité et l’honnêteté de ces compositions, qui n’ont pas leur pareil pour caresser dans le sens du poil l'amateur de folk boisé et introspectif.

D'une sobriété à toute épreuve, extrêmement direct, loin de la surproduction dégoulinante des derniers Suede, l'album ne hausse jamais le ton et enchaîne les douces balades, mélancoliques, tristes, des histoires d'amour déçu, d'une beauté assez époustouflante et totalement inattendue de la part de leur auteur, dont la voix chaude, exceptionnellement belle, extraordinairement classieuse, surmontée d'un piano et de quelques cordes, ne laisse pas d'émerveiller. Ceux qui n'attendaient plus grand-chose de Brett Anderson depuis des années se sont lourdement trompés.
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Comme un boxeur qui aurait ramassé trop de coups pour reprendre véritablement l’ascendant sur son adversaire, on fait tout ce qui est en notre pouvoir pour parer les attaques sans vraiment parvenir à localiser leur origine. Et le sort qui est réservé aux auditeurs est un moindre mal en comparaison avec le fossé qui existe entre Carsten Nicolai et les autres producteurs de la caste minimaliste. Car les temps sont durs et la concurrence d’autant plus rude qu’elle se voit squattée en son sommet par cet activiste essentiel et bel et bien intouchable qu’est Alva Noto. La guerre est ouverte, et avec Unitxt, Alva Noto vient de gagner une bataille cruciale avant de voir arriver le reste de la cavalerie. Ultime.
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