Goûte, c'est du belge
Patton
Hellénique chevaleresque récital
Label : Matamore
Année : 2009
Invariablement et inlassablement, Matamore poursuit son travail de sape. Après avoir mis sur orbite Soy un Caballo, lancé l’ovni Dada Pâte et précipité la mission V.O., le micro-label bruxellois participe cette fois au retour de Patton, un duo formé autour de Sam et Max Bodson qui se fait presque aussi rare que la comète de Halley. Avec Hellénique Chevaleresque Récital, leur deuxième album, les deux frères se sont remis en selle et sont prêts pour une aventure qui, rien que dans le titre, a déjà tout d’une épopée.
Huit longues années, tel est le laps de temps qu’il aura fallu patienter pour voir le successeur de JR For Jaune-Rouge pointer le bout de son nez. Philippe Koeune (basse) parti, c’est donc en duo que Patton se présente pour défendre sa mutation ainsi que sa maturation. Hellénique Chevaleresque Récital, tout un programme. Aussi ambitieux soit-il. Car s’il y a une chose que la fratrie Bodson démontre sur cet opus, c’est qu’elle maîtrise la juxtaposition d’idées. Il se dégage de cette œuvre un univers complètement surréaliste, à l’image des collages réalisé par les membres dudit mouvement, et en soi cela n’a rien d’étonnant pour de jeunes gens originaires de Belgique. Tout dans ce disque tourne autour de la collision : les rythmes s’entrechoquent, les langues anglaise et française s’entrecroisent pendant que l’électronique et l’acoustique se chamaillent. Non, Hellénique Chevaleresque Récital n’est pas un grand fourre-tout composé de bric et de broc, il s’agit d’une production empreinte de poésie faisant continuellement le grand écart entre pop et avant-garde, en lorgnant également du côté du blues et du folk. Les quarante et une minutes de l’album s’écoutent avec une certaine délectation, ne tombant jamais dans la facilité, mais tel un cheval sauvage demeurent insaisissables. Bien que notre inconscient semble en redemander. Encore et encore…
Captivant d’un bout à l’autre, Hellénique Chevaleresque Récital nous prouve qu’il est encore possible d’approcher la pop de manière originale. Bien sûr, on n’ira pas jusqu’à avancer que Patton est dénué d’influences, il parvient seulement à s’en défaire pour créer une plaque réellement inclassable, tout bonnement inépuisable. C’est tellement rare pour être souligné : les frères Bodson viennent d’introduire un cheval de Troie dans notre quotidien musical.