Dossier

2019 en 50 albums

par la rédaction, le 14 janvier 2020

#20

Nothing Great About Britain

Slowthai

Rempli de tubes et propulsé par une énergie dingue, le premier album du new kid on the block Slowthai s’est imposé au fil des écoutes comme l'objet le plus important sorti par un rappeur anglais depuis le Konnichiwa de Skepta – et le fait que ce dernier honore Nothing Great About Britain de sa présence sur « Inglorious » ressemble autant à un adoubement en bonne et due forme qu'à une reconnaissance implicite de la menace que représente un morveux surexcité de Northampton pour le daron de Tottenham.

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#19

Deux Frères

PNL

On l’attendait avec un peu d’appréhension après un Dans La Légende moins bon que les deux précédents, mais on aurait dû faire confiance aux frangins de l’Essonne : Deux Frères est une vraie bombe. Toujours plus proche d’eux-mêmes, et toujours plus loin du reste du paysage du rap francophone, PNL a fait parler tout le spectre d’un talent qui ne pourra pas éviter les mémoires. Une partie de l’opinion en faisait les portes-parole d’un hip-hop vulgaire et désincarné ; plus les années passent, plus leur tort les fait apparaître comme ridicules. A la fin d’une décennie dont PNL aura été un des temps forts en France, une question brûle les lèvres : est-ce leur dernier disque ? Pour l’instant, la seule chose qu’on puisse dire, c’est que si Tariq et Nabil annonçaient leur retraite, ils partiraient avec bien plus que les honneurs.

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#18

Zones

Enablers

Il existe une frontière aussi injuste qu’invisible qui sépare l’underground et la hype. Dans ce monde dualisé, Enablers restera éternellement ce groupe brillant qui ddoitevra se contenter d’un succès d’estime, celui qui flatte l'égo mais ne paie pas les factures. Zones est pourtant un chef-d’œuvre. Le groupe y met sa maîtrise technique au service de compositions plus directes et moins alambiquées que par le passé. Plus nerveux que ses prédécesseurs, l’album condense en moins de 40 minutes la crème d’un répertoire qui puise ses racines dans le noise, le punk, le free jazz, le post-rock et bien la poésie beat.

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#17

The Book of Traps and Lessons

Kate Tempest

Il est difficile de classer The Book of Traps and Lessons dans la catégorie rap – en même temps, Kate Tempest y a-t-elle jamais figuré? Pourtant, avec trois albums impeccables à son actif et une maîtrise du spoken word qui force le respect, l’artiste propose une esthétique et un discours qu’elle semble un peu trop seule à porter. Mais dans un contexte où le rap a plus que jamais beaucoup de choses à dire sur le monde qui l’entoure mais n’ose pas, ou n’a simplement pas envie de le faire, on ne peut que déplorer le fait que Kate Tempest boxe un peu trop seule dans sa catégorie.

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#16

The Talkies

Girl Band

Quatre ans. C’est le temps qu’il a fallu à Dara Kiely, chanteur de Girl Band, pour toucher le fond de la piscine, et remonter lentement à la surface. Quelque part, The Talkies donne l’impression d’être la conversion sonore des litres d’eau sale régurgitées en bord de bassin après la frayeur de la noyade. Avec ce deuxième album qui lutte frontalement contre ses démons, le groupe de post-punk à tendance noise danse dans le ventre d’une bétonneuse pendant 45 minutes où les hurlements de Kiely vacillent entre les appels à l’aide et la délivrance tant espérée. Un splendide coup de pied au cul.

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#15

Trust in the Lifeforce of the Deep Mystery

The Comet Is Coming

2019 aura été l’année où on est - heureusement - sorti de la vague uk jazz. Pourquoi heureusement ? Parce que maintenant que le gros est passé, on va pouvoir récolter les pépites. Ne laissez pas dire que Trust In The Lifeforce Of The Deep Mistery est le disque d'un groupe qui s'accomplit dans les tournées de festivals et ne fait qu’injecter un peu d'afrobeat dans le jazz anglais, car on ne pourrait pas être plus avancé dans l'erreur. Bordel, The Comet Is Coming a pondu un petit bijou cette année. Entre ce disque novateur, prenant, riche, très actuel, et son petit frère The Afterlife sorti quelques mois après, c’est tout un univers que le groupe de Shabaka Hutchings s’est proposé de décrire.

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#14

Uknowwhatimsayin

Danny Brown

En mettant au placard son costume de clown triste du rap américain, Danny Brown semble être là où il veut être, et démontre qu'il vit bien "sa meilleure vie", comme il le claironne sur l’un des meilleurs singles de uknowwhatimsaying¿. Alors oui, on ne tient pas là l'album le plus marquant de sa discographie, mais c'est un vrai disque de daron : lumineux, subtilement produit, et poussé vers le sommet par un casting élégant.

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#13

Charli

Charli XCX

En levant quelque peu le pied sur les performances autotunées et les furieuses pétarades qui caractérisaient Pop 2, Charli XCX retrouve avec ce troisième album le côté plus accessible et instantané de ses débuts tout en conservant le côté « laboratoire du kiff » issu de ses projets plus expérimentaux. Si la scène hyperpop se cherchait une marraine, elle l’a bien trouvée sur cet album qui confirme le talent de l’Anglaise et sa capacité à mettre à l’aise ses invités malgré un terrain pas toujours simple à appréhender. Quant à la clique PC Music, elle ne trouvera jamais plus sexationnelle muse.

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#12

Radio Suicide

Makala

Makala n'est certainement pas le rappeur au plus gros compte en banque, mais une chose semble évidente à l'écoute de l'album : personne ne s'amuse autant que lui dans un studio. Dans Radio Suicide, le genevois est un acteur, une superstar, un type tellement frais qu'une mannequin qu'il a kidnappé se retrouve ravie de sa situation. Dans Radio Suicide, il capable d'egotrips monstrueux comme d'introspections certes peu nombreuses mais, de ce fait, d'autant plus précieuses. Le couteau suisse, le seul, le vrai.

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#11

A Dawn To Fear

Cult Of Luna

Passages instrumentaux, changements rythmiques, beuglantes vocales… En 79 minutes, Cult Of Luna développe un langage post-metal dont il a une maîtrise totale. C’est dense, texturé et si le résultat paraît légèrement moins ambitieux qu’à l’accoutumée, il n’en reste pas moins extrêmement efficace. On pourrait penser que le groupe suédois ne se réinvente pas, mais ce serait une erreur. Cult Of Luna sonne effectivement toujours comme Cult Of Luna, mais en plus massif, en plus abouti, en plus complexe. Immense braquemart pour un genre musical qui bandait mou ces dernières années.

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