Pukkelpop 2015: les gagnants, les perdants
Kiewit, le 20 août 2015
GAGNANT : Courntey Barnett
Quand on y pense, la musique de Courtney Barnett n’a rien d’exceptionnel. Elle est incroyablement référencée et rien (ou presque) ne la rend indispensable aux yeux du fan de musique à la recherche d’un peu d’originalité. Mais voilà, c’est un peu comme avec Pavement ou Mac De Marco : sans jamais donner l’impression de forcer son talent, l’Australienne atteint des niveaux de maîtrise pop et de coolitude indie que même à Williamsburg ou dans le Marais on voit pas. Aussi, on savait qu’on ne devait rien attendre de spécial de son concert, si ce n’est un paquet de très bons titres et une décontraction à toute épreuve. C’est exactement ce à quoi on a eu droit et on<s> </s>remercie du fond du cœur Courtney Barnett.
GAGNANT : Slaves et Radkey
Sur le papier, peu de choses rapprochent Slaves et Radkey si ce n’est leur amour du punk, et leur passage à une heure précoce dans un Marquee clairsemé. Ah oui, autre point commun : l’un comme l’autre ont été très convaincants.
Stars en Angleterre, les gars de Slaves n’ont pas eu les honneurs d’une salle pleine comme c’est souvent le cas sur leurs terres. Ça n’a pas empêché la paire Laurie Vincent / Isaac Holman de balancer une grosse dose de purée blues-punk sur un public qui ne demandait que ça. Avec l’accent de prolo et l’attitude de lad bien hautain en bonus, histoire qu’on ait vraiment envie d’aller boire des pintes de lager tiède en matant un match de Premier League dans la foulée.
Les jeunes gars de Radkey eux, ils ont tout simplement fêté la sortie de leur premier album sur la scène du Pukkelpop. Une fratrie qui est au punk rock ce que les sœurs Williams sont au tennis : une histoire de gros talent et une gestion en famille – c’est leur père qui s’occupe de tout. Forcément, vu la couleur de la peau et de grosses accointances avec la scène punk hardcore, les comparaisons avec les Bad Brains vont vite tomber, mais on retrouve aussi un amour immense pour des groupes comme les Ramones et les Who chez ces teenagers du Missouri qui ont déjà quelques tubes dans leur besace et font preuve d’un professionnalisme qui pourrait bien les mener loin. Dernier petit tuyau : la machine fonctionne beaucoup mieux sur scène que sur un disque trop propret pour vraiment convaincre. Bref, ne les ratez pas la prochaine fois qu’ils seront dans nos contrées
PERDANT : Mark Ronson
Immense tabou dans le milieu musical, le cachet d’un gars comme Mark Ronson n’en reste pas moins énorme. Et pour le coup, se dire que le Pukkelpop a probablement dû débourser quelques dizaines de milliers d’euros pour s’offrir un set indigent du producteur anglais, ça fait mal. Une heure pendant laquelle on aura eu bien du mal à faire la différence entre Mark Ronson et un dj de guinguette enchaînant de bons titres certes – difficile de se planter avec « Uptown Funk », Stevie Wonder ou le « Valerie » d’Amy Winehous. En gros, n’importe quel mec ayant un peu de culture musicale et des connaissances basiques d’Ableton aurait pu s’y coller. Mais voilà, c’est Mark Ronson avec un vieux t-shirt des Smashing Pumpkins qui s’y collait alors le Dancehall était blindé. Soyons quand même honnêtes : on ne s’est fondamentalement pas emmerdé, mais quand on a vu à quoi ressemblait le même exercice par Jamie xx juste derrière, on se dit qu’on est fait enculer. Mais avec le sourire. C’est toujours ça de pris.
GAGNANT : Underworld
S’en aller voir Underworld clôturer cette édition 2015 du Pukkelpop, c’était un peu par dépit qu’on le faisait. C’était ça ou Netsky sur la grande scène entouré de 50.000 Flamands boutonneux. Puis c’était aussi un choix un brin tactique : on connaissait d’avance l’efficacité des Anglais sur scène, et vu l’état de délabrement avancé dans lequel se trouvaient nos organismes, on savait pertinemment bien que l’heure n’était plus à la découverte ou aux choix osés. Bref, Karl Hyde et Rick Smith avaient 90 minutes pour faire battre nos petits cœurs de trentenaires aigris et nous faire oublier la fatigue. Bingo. Plus de 20 ans après leur premier passage au Pukkelpop (cette année-là, les RHCP étaient en haut de l’affiche), les Anglais ont non seulement montré qu’ils vieillissent admirablement bien, mais surtout que leur musique a encore quelque chose à nous raconter sur l’Angleterre électronique, parvient à nous faire chouiner comme des fans des One Direction et à nous faire oublier que le lendemain, ce sera le douloureux retour à la routine.
PERDANT : tous ces trucs cools qu’on a pas pu aller voir pour des raisons diverses et variées, qui peuvent aller du guêt-à-pintes au problème intestinal en passant par le conflit de calendrier. Bref, on a une petite pensée pour Four Tet, Ride, The Soft Moon, Ought, DJ Mustard et un gros paquet d'autres artistes qui auraient mérité qu'on leur accorde un peu de notre temps. Promis, on vous ratera pas la prochaine fois.