Festival International de Benicassim
Benicassim (Espagne), le 17 juillet 2008
The Ting Tings
Fiberfib.com / 18.40-19.30
Le soleil brille encore à l’heure d’arriver sur le site en ce troisième jour de festival. Il faut dire qu’on a décidé d’arriver tôt, histoire d’assister au concert des Ting Tings, une des dernières hypes (avant la prochaine) de la presse musicale anglaise. Et apparemment, on est pas les seuls à avoir eu cette idée vu le nombre de festivaliers (principalement anglais comme vous l'avez sans doute deviné) déjà présents sous le chapiteau à cette heure précoce. Verdict ? Eh bien il faut avouer qu’à part sur quelques titres comme "Great DJ" (balancé en début de set et causant quelques bouffées de chaleur dans le public) et "That’s not my name", les personnes présentes auront rarement eu l’occasion de s’esbaudir pendant les cinquante minutes dont disposaient Jules de Martino et Katie White pour nous convaincre. Cette dernière a bien pris quelques poses aguicheuses, histoire de faire monter en flèche le taux de testostérone des festivaliers britanniques, mais ce ne sera pas suffisant pour nous faire passer plus qu’un moment sympathique en ouverture. En fait, on se dit que les Ting Tings sont à leur place à cet endroit de l’affiche et que tout le raffut fait autour du duo montre une fois de plus le pouvoir de cette presse musicale britannique qui fait et défait les groupes dont elle doit parler pour remplir ses pages et amener ses lecteurs à délier les cordons de leur bourse.
Laurent
Heavy Trash
Fiberfib.com / 20.00-21.00
Pour cause d’arrivée tardive sur le site, c’est avec 30 minutes de retard que débute le concert d’Heavy Trash, la dernière incarnation en date de Jon Spencer, accompagné pour le coup de son ami de longue date Matt Vera-Ray. Pour ne pas chambouler les horaires si tôt dans la journée, c’est donc un concert tronqué de 20 minutes que le groupe se voit obligé de livrer dans une salle désertée par les hordes d’Anglais qui n’avaient pas voulu manquer une miette du concert des Ting Tings quelques dizaines de minutes plus tôt dans la même salle. Face à un telle situation, les gars d’Heavy Trash comprennent rapidement qu’il n’y aura pas de place pour le traditionnel round d’observation et décident donc de jeter d’entrée de jeu toutes leurs forces dans la bataille. Le pari est payant : même si on sent le groupe un peu froid, il ne ménage pas ses efforts pour distiller avec beaucoup d’enthousiasme son rockabilly pur souche, ce qui n'est pas pour déplaire au public qui embraye au quart de tour. Le concert est d'autant plus plaisant que Jon Spencer est dans une forme olympique, haranguant la foule avec cette voix grave qui, jadis, vantait les mérites d’un blues salace aux quatre coins du globe. Tout au long des quarante minutes de ce concert malheureusement trop court, les deux albums du groupe (soit dit en passant recommandables) y passent dans une ambiance bon enfant, idéale en ce début de journée.
Jeff
My Morning Jacket
Escenario Verde / 22.30-23.30
A en croire les chroniques dithyrambiques qui ont alimenté les blogs américains au lendemain du concert donné par My Morning Jacket au festival US de Bonnaroo, Jim James tient la forme de sa vie. Jugez plutôt : un concert d'anthologie de presque 4 heures, relevé par la présence d'invités prestigieux (dont Kirk Hammett) et pimenté par de nombreuses reprises (James Brown, Kool & The Gang, Velvet Underground) venues émailler une setlist riche de 35 morceaux. Malheureusement, pour la date espagnole de leur tournée, le groupe américain ne dispose que de soixante minutes pour défendre son dernier opus, Evil Urges, et nous régaler de quelques classiques. A la question de savoir si Jim James a toujours cette pêche d'enfer, la réponse est oui. Et la bonne nouvelle, c’est que celle-ci est communicative. Encore plus impressionnant qu’il y a deux ans au Pukkelpop, My Morning Jacket est une ahurissante machine de guerre écrasant tout sur son passage et répondant avec diligence aux ordres de Jim James. Véritable pile électrique qui décharge son trop-plein d'énergie sur sa guitare électrique, le chanteur américain et son groupe livrent une prestation éclatante à Benicassim, piochant dans leurs deux dernières réalisations, le controversé Z et le petit dernier, plus classique (et pas mal décrié), Evil Urges. Puisant son inspiration dans un rock américain plutôt standard, My Morning Jacket est parvenu, à force d'expérimentations et d'abnégation, à produire une musique aussi puissante qu'envoûtante - cette dernière propriété étant renforcée par la voix haute perchée de Jim James. Et si le groupe fait preuve d'enormément de technicité sur album, il arrive à y ajouter sur scène une forte dose d'énergie qui transforme le groupe en une bombe à retardement explosant au rythme des riffs assassins, des solos héroïques et des cabrioles vocales de Jim James. Enorme.
Jeff
Booka Shade
Fiberfib.com / 00.30-01.30
Décidemment, impossible de faire un pas en festival sans tomber sur les deux Allemands de Booka Shade. Cette fois, c'est sur le site de Benicassim qu’il nous sera donné de (re)voir le duo pour une bonne heure de tech-house bien grasse. Ceux (et ils sont nombreux depuis quelques années) ayant déjà assisté aux prestations des Berlinois savent qu’il n’y a rien à attendre d’eux qu’un set rôdé à la perfection, une machine inexorablement lancée sur le chemin de la défonce auditive. Comme à l’habitude aussi, rien ne dépasse des bases établies dès le début par le duo, on pourrait donc le leur reprocher de manière accusatrice mais le résultat final atteint pleinement son objectif. La foule crie, saute et danse interminablement sans poser plus de questions. Un show qui prend évidemment une ampleur autre que celui presté quelques jours plus tôt aux Ardentes, le climat espagnol y étant pour beaucoup, sans compter sur la présence massive de ces Anglais capables à eux seuls de vous transformer une curie romaine en rave-party incendiaire en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Pas déçu donc par ce nouveau rendez-vous posé par les Berlinois, qui se contentent simplement d’être au niveau, assurant un minimum ma foi déjà bien relevé.
Simon
Photos : Archivo FIB / François Ollivier, Oscar Tejada, Liberto Peiro, Natalie Paco