Concert

Dour Festival 2012

Dour, Site de la Machine à Feu, le 12 juillet 2012
par Jeff, le 27 juillet 2012

Leçon n° 10 : Les théories conspirationnistes d’Assassin avec précaution tu écouteras

Après avoir vu Assassin en 2012, on peut dire que le projet de Rockin’ Squat a atteint une certaine forme d’apogée créative en 2000 avec Touche d’espoir. En même temps, depuis lors, à part des compilations et des enregistrements live, on n’a plus grand chose à se mettre sous la dent. Peu importe, au moment de se rendre au concert d’Assassin dans la tente Magic Soundsystem, on repense à ce rap engagé et sans concessions, qui dénonce avec intelligence et véhémence les travers d’une société qui a tendance à déraper. Mais on aurait dû se méfier de ce concert. Rien qu’en voyant le matériel promotionnel à quelques mètres de là : sur les nouveaux t-shirts du groupe, le slogan « Illuminazi 666 ». Le reste du concert ne sera qu’un enchaînement de morceaux tapant avec un manque total d’élégance ou de discernement sur le grand capital, les banquiers luxembourgeois, Obama ou l’information cadenassée par les grands de ce monde. Autant de sujets qui méritaient mieux qu’une collection de lieux communs sur fonds de beats revanchards. Heureusement que le bougre a eu l’amabilité d’inclure dans sa set list des titres comme « Touche d’espoir », « Esclaves 2000 » ou « Sérieux dans nos affaires ».

Leçon n° 11 : En Pinch un techno-monstre du dubstep tu trouveras

Ce n’est pas compliqué, si Pinch n’avait pas existé, on n’aurait sans doute pas pu vous parler de dubstep comme on le fait depuis plusieurs années maintenant. On aurait facile de jouer les chroniqueurs du journal Le Soir en vous balançant que cet Anglais est l’alpha et l’oméga du genre. Pourtant c’est le cas, et de manière incontestable. A la fois boss d’un label pionnier (Tectonic Records) et producteur des meilleures plaques de la scène – jusqu’à un premier album totalement essentiel – Rob Ellis a tout fait, tout vu et collaboré avec tout le monde (on se souvient avec émotion de ce récent LP avec Shackleton). Pinch a maîtrisé tous les éléments de la bass music, des premiers giclements dubstep à la mutation techno, dark puis house du genre. Et son set était monumental. Forcément quand tu es capable de donner de la cohérence au « Spastik » de Plastikman aux côtés d’une plaque de dubstep oldschool, c’est que tu joues dans une catégorie hors-concours. Si en 2012 t’es encore capable de jouer un set rempli d’infrabasses tout en passant pour un  ténor, c’est que la bass music est tienne depuis un bail. Comprendre les codes, et surtout ne jamais perdre de vue l’urgence qui t’a formé, la retranscrire encore et toujours même si le genre s’est travesti de tous les côtés. Et surtout, ne jamais sonner comme un vétéran qui lutte pour le bien contre le mal. Avoir toujours un temps d’avance, et se permettre de regarder en arrière. On savait déjà que Pinch était l’un des hommes les plus importants de ces dix dernières années pour l’Angleterre électronique, il n’a fait que le confirmer devant un chapiteau blindé à craquer.

Leçon n° 12 : La prochaine fois à Dâm-Funk et au Klub des Loosers plus de temps tu donneras

On n’a jamais organisé un festival, mais on imagine qu’en programmer les horaires doit être aussi simple que de faire chanter la Brabançonne à cette fricandelle déssechée de Bart De Wever. Mais quand même : programmer à 15 heures et ne laisser que 40 pauvres minutes au Klub des Loosers, responsable d’un des plus beaux albums de l’année (La Fin de l’Espèce) et souvent suivi par un large public (on en a eu une nouvelle preuve à Dour), c’est tout bonnement scandaleux. Juste le temps pour Fuzati de survoler la discographie du Klub en nous contant ses plus glauques histoires et c’en était déjà fini de ce concert du Klub des Loosers, qu’on ne voit par dessus le marché que trop peu souvent en Belgique. Grossière erreur. Idem pour Dâm-Funk, lui aussi plutôt rare par chez nous. Mais le Californien de chez Stones Throw est malin. Quand à cinq minutes de la fin prévue du concert, l’ingé son lui annonce qu’il a encore droit à un titre, Damon Riddick en profite pour chausser son « ax-synth » et se lancer dans un hymne G-Funk allant taper dans la petite vingtaine de minutes orgasmique. Un titre à l’image d’un concert placé sous le signe du groove enfumé, du sexe moite et de la générosité dans l’effort. Un des grands moments du festival, et de loin.