Dour 2015
Dour, Plaine de la Machine à Feu, le 15 juillet 2015
Plus les années passent, plus il devient difficile de ne pas pas avoir l’air de vieux cons quand on parle du Dour Festival. Maintenant qu’on dort en Festihut, qu’on doit être le lundi à 9h à son bureau devant son ordinateur et qu’on a mal aux pieds et au dos avant d’être saoul, certains diraient qu’il est peut-être temps de raccrocher. Mais on ne le fait pas. Parce que, malgré tout, Dour reste quand même un des meilleurs trucs au monde pour se marrer pendant 5 jours.
Reste que, petit à petit, le festival change. Cette année, cette évolution a peut-être été plus visible que les précédentes, parce qu’elle a pris la forme d’une scène en plein air avec plein de lumières, d’écrans géants qui diffusent des clips “feel good” sur fond de DJ set de plutôt bonne qualité: la Red Bull Elektropedia Balzaal. Indubitable succès populaire et réussite organisationnelle, cette scène incarne l’orientation de plus en plus “festive” de Dour. On n’en voudra pas aux organisateurs, c’est de toute évidence ce que recherche le public: il suffit de comparer le succès de foule de la Balzaal avec le public souvent réduit de l’autre nouvelle salle, orientée découverte, le Labo. Reste que les amateurs de guitares (hors musiques dites extrêmes) en sortent largement perdants, tout comme, de manière générale, ceux pour qui la qualité de la musique ne se résume pas à sa capacité à faire danser les foules.
Ne soyons pas mauvais joueur, il y a eu de très bonnes choses, et vous verrez plus bas qu’on a quand même pu y trouver notre compte musicalement parlant. Bien sûr, on va vous parler des groupes qui ont été plébiscités par nos lecteurs adorés, mais aussi de quelques coups de cœur de la rédaction. Parce qu’il y en a, évidemment, même si on n’a pas non plus pris de grosses claques comme le festival nous y avait habitués. Et puis, il y a la Last Arena, devenue la scène du consensus mou et des vieilles gloires. On y a entendu un ou deux truc corrects, mais aussi une chiée de concerts vraiment médiocres. C’est d’autant plus étrange que les noms qu’on y trouvait ne doivent pas avoir joué un rôle primordial dans le quasi sold-out de cette édition.
Bon, si on va à Dour, c’est bien sûr pour la musique, et peut-être que le cru 2015 est à ce niveau un peu décevant. Mais c’est aussi pour l’ambiance, le joyeux bordel, l’organisation sans faille (ou pas), l’impression de liberté et l’esprit de communauté. Non, je ne parle pas de la récupération en forme de totem marketing de l’insupportable cri Doureuuuh. Cela va bien plus loin que ça. C’est cette capacité à être plus qu’une communauté de gens riches qui boivent du champagne LVMH en sniffant de la coke dans des espaces VIP craignos. Peut-être cela va-t-il sauver Dour, à la fin, cette impossibilité à mettre le doigt (et donc la main) sur ce qui fait qu’après un weekend sur la Plaine de la Machine à Feu, on rentre chez soit avec un petit peu plus de foi en l’humanité.
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Crédit photo: Dorian Jespers