Ardentes 2010
Liège, le 8 juillet 2010
Hudson Mohawke / Samedi / HF6 / 02.30 – 03.30
Une fois le soir tombé sur le site des Ardentes, le festivalier peut se laisser aller aux tentations électroniques malheureusement – il faut le dire – à grosse tendance 2.0. Comme un presque (et c'est important) intrus, Hudson Mohawke était là pour représenter ce qui se fait de mieux matière de wonky et de Uk funky (entendez par là les mutations p-funk et fluo du dubstep), et ça s'est entendu. En technicien complètement dingue, le producteur de Glasgow a livré un son à l'image de son pétillant Butter: extrêmement coloré, référencé et terriblement groovy. Il claquera ainsi du Gemmy, du Ginz, du Joker, son tube « Fuse », un peu de Jay-Z (et son fumeux « Big Pimpin' ») et de Busta Rhymes (énorme « Gimme Some Mo ») ainsi qu'une enfilade de pépites coincées entre Amérique libertaire et bass music bitumée. Dans une ambiance éthylique à souhait (le troisième jour étant bien souvent un Mont Ventoux pour le festivalier consciencieux), le son d'Hudson a fait mouche et mis à l'amende le reste de l'affiche – ce qui n'est pas bien dur avec des Sound of Stereo, Don Rimini et autres éjaculateurs précoces calés devant et derrière. Alors qu'on s'inquiétait de voir évoluer le natif de Glasgow avec un Polyfolk Dance EP (déjà sorti sur Warp) bien trop académique et qui le prédestinait à devenir un wonky-master comme les autres, il aura seulement fallu un album et une prestation de feu pour nous convaincre de tout le bien-fondé de son œuvre. Dommage que contrairement à d'autres DJ's, Hudson Mohawake ait désiré (ou pu?) limiter son set à soixante minutes…
Christian Scott / Dimanche / HF6 / 15.10 – 16.00
A chaque festival son erreur de casting. Dans le cas de ces Ardentes 2010, celle-ci s'appelait Christian Scott. Mais quelle belle erreur de casting pour le coup! Même si l'affiche du dimanche avait une certaine coloration 'black music' avec un mièvre José James ou une détonante Sharon Jones & The Dap Kings, on se demandait un peu ce que ce digne héritier de Miles Davis venait foutre là. D'ailleurs, lorsque le jazzman américain débarque un peu à la bourre à cause d'un soundcheck raboté suite aux prolongations jouées quelques dizaines de minutes plus tôt par un excellentissime Arnaud-Fleurent Didier, ce n'est pas vraiment la foule des grands jours, celle-ci ayant préféré le bain de soleil du côté de la grande scène malgré une affiche d'une qualité assez pauvre de ce côté-là du site. Et même si on n'a jamais senti Christian Scott et son band à son affaire, l'expérience n'en restera pas moins mémorable. Pendant une petite cinquantaine de minutes, le natif de la Nouvelle-Orléans a initié son public à son univers jazz fusion où la fougue se mélange à la coolitude, où les solos fiévreux viennent se greffer sur les notes rondes de sa trompette. Franchement, après trois journées de festival bien remplies et avec une petite gueule de bois aggravée par la canicule, on ne pouvait espérer mieux pour relancer des organismes mis à rude épreuve.