Concert

Ardentes 2010

Liège, le 8 juillet 2010
par Jeff, le 15 juillet 2010

Cypress Hill / Jeudi / Parc / 22.30 – 23.30

Déjà présents il y a deux ans pour l'un des meilleurs concerts de l'histoire des Ardentes, les papys de la bande à « Cypress » remettaient le couvert cette année avec un live qu'on ne pouvait imaginer autrement qu'en forme de best-of, malgré l'absence pour une raison inconnue de Dj Muggs qui a cet été laissé sa place au sosie de Fat Joe (un certain Julio G). Quoiqu'il en soit, sur le coup de 22.30, le public était chaud comme une baraque à frites et le spectacle pouvait enfin commencer. Et finalement il n'y a pas grand chose à dire sinon que Cypress Hill est encore et toujours une machine bien huilée : attitudes scéniques répétées depuis une petite vingtaine d'années, ramdam gonflé à la weed (pour ne pas décevoir un public toujours demandeur de ce genre de frasques un peu stériles) et surtout un camion seize tonnes remplis de tubes pour vieux ados. A ce titre, la première moitié du set avait de quoi mettre à l'amende pas mal de faux thugs en distribuant les claques en formes de hits historiques. Mais en grands-pères de la scène west coast, la fougue est quelque peu retombée une fois passé le cap de la deuxième moitié : lourds et fatigués, Sen Dog et B-Real ont parfois eu du mal à se transcender au moment d'entamer les nouveaux titres – pour lesquels ils étaient sensés être présents. Il faut dire qu'ils ne sont pas aidés par leurs nouvelles envies rock, symbolisées par un « Rise Up » pauvre et usé. Quoiqu'il en soit, on ne pourra jamais en vouloir au crew de South Gate tant leurs fulgurances sont globalement bien au dessus de la totalité du rap game américain.

 


Pavement / Jeudi / Parc / 00.00 – 01.30

Pour ceux qui connaissent et aiment Pavement, la présence du groupe américain sur l'affiche des Ardentes était forcément LA bonne pioche de l'organisation, le coup de maître qui donnait du encore un peu plus de piment à une affiche pourtant déjà bien épicée. De plus, l'examen en salle ayant été facilement réussi par Stephen Malkmus et les siens quelques semaines plus tôt, cette date en festival était l'occasion rêvée pour les plus motivés de revivre la magie 90 minutes durant et pour ceux qui n'avaient pas pu obtenir de ticket d'enfin fêter les retrouvailles avec l'un des groupes les plus importants de l'indie américain. Et franchement, vu l'engouement généré par cette reformation, on s'attendait à un public un peu plus fourni pour cette d'affiche. En effet, sur les 12.000 personnes présentes ce jeudi, seuls deux bons milliers semblaient vraiment préoccupés par la venue de Pavement. Il faut dire que la concurrence était rude, avec de l'autre côté une Missy Elliott qui, de l'avis de beaucoup, n'a pas vraiment justifié son statut avec un show en carton pâte. Une remarque qui ne s'applique fort heureusement pas à Pavement.

En 90 minutes bien remplies, le groupe a comblé de bonheur son public avec une setlist contenant une bonne partie de ses « tubes » (« Cut your Hair », « Stereo », « Shady Lane »). Visiblement peu préoccupé par le peu d'égards qui lui avaient réservé un public liégeois épars, Pavement a livré une set tout bonnement ensorcelant et magnétique, séduisant avec autant d'aisance dans les passages lo-fi (magique « We Dance ») que dans les envolées électriques (extatiques « Unfair » et « Conduit For Sale! » avec leurs refrains à gueuler comme un putois). Et puis surtout, ce concert nous a permis de nous poser pour la 45.789e fois cette question essentielle: franchement, comment cette bande d'amerloques moyens donnant l'impression d'évoluer dans un bordel perpétuel dont il n'ont franchement rien à foutre parviennent-ils à être aussi flamboyants? Ce jeudi soir, nous avons encore essayé d'y répondre, en vain. Pavement, c'est simplement génial, et il ne faut pas chercher à savoir pourquoi.