The Mix-Up
The Beastie Boys
A respectivement 42, 41 et 43 ans et armés d’une discographie qui force le respect, Michael Diamond, Adam Horovitz et Adam Yaunch ont bien le droit de se permettre l’une ou l’autre facétie. Et aux yeux des nombreux fans du groupe qui attendaient des Beastie Boys qu’ils accouchent d’un opus trempé dans le hip hop comme c’était le cas sur To The 5 Boroughs, ce septième album studio en est une belle.
Entièrement instrumental, The Mix-Up est considéré par beaucoup (et les pontes de Capitol font probablement partie de cette meute) comme un suicide commercial en règle et une étape légèrement inutile dans la riche carrière du combo new-yorkais. Et si d’aucuns s’étonnent de voir les Beastie Boys débrancher leurs micros le temps d’un album tout entier, ils semblent probablement oublier que le groupe est coutumier du fait et que ses albums les plus essentiels (à commencer par Ill Communication et Check Your Head) étaient parsemés de plages instrumentales groovy à souhait. C’est donc accompagné de deux de ses plus fidèles collaborateurs (Money Mark au clavier et Alfredo Ortiz aux percussions) que le groupe a pris possession des Oscilloscope Laboratories (leur studio perso) pour se payer ce qui ressemble fort à un énorme bœuf dont les meilleurs moments se sont retrouvés sur The Mix-Up.
Empreint d’un certain dilettantisme, The Mix-Up n’en reste pas moins un disque duquel se dégage un sens de la mélodie et du groove incomparable - l’une des marques de fabrique indéniable des Beasties. Sur une base « funk old school » dont il a déjà affiché la maîtrise à de nombreuses reprises par le passé, le groupe se laisse aller à diverses expérimentations qui l’emmènent en Asie (l’hommage à peine masqué au Tibet sur « Dramastically Different »), dans les Caraïbes (les relents dub sur « 14th St. Break ») ou encore en Amérique latine (les sifflets carnavalesques de « The Rat Cage »). Disque ostentatoirement fourre-tout caractérisé par son défilé incessant de basses rondelettes et de claviers déjantés, The Mix-Up est en quelque sorte à la croisée des chemins entre abstract hip hop, soul vintage et rock psyché.
Je n’irais pas jusqu’à dire que cette nouvelle galette est une pièce rigoureusement indispensable de votre discographie. On peut même parler d’album légèrement anodin. Toutefois, si comme moi vous suivez la carrière du trio new-yorkais depuis que vous êtes en âge d’écouter de la bonne musique, il s’inscrira rapidement comme le nouvel élément essentiel de l’énorme puzzle 10.000 pièces que les Beastie Boys nous aident à terminer depuis 1979. Et comme moi, vous savez combien il est énervant lorsqu’une pièce manque, aussi insignifiante semble-t-elle de prime abord.