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Rien ne prépare au choc de la découverte du premier album de Sophie Auster. Surtout pas les a priori négatifs que la demoiselle suscite malgré elle et qu'elle semble d'ailleurs collectionner.

Oui, elle est la fille de deux phénomènes littéraires américains, Paul Auster et Siri Hustvedt. Oui, Sophie Auster doit apprendre à composer avec l’une des pires cruautés de la vie, puisque la jeune femme est d’une beauté à couper le souffle. Oui, c’est avec la complicité et le soutien de son poète de père que cet album a pu voir le jour. Oui, il s'agit de poésie chantée. Des textes écrits par certains des plus grands auteurs français (Apollinaire, Desnos, Eluard…), traduits (ou non, d’ailleurs) par Papa, des textes écrits par Papa, mis en musique par des amis de Papa, publiés par l'éditeur de Papa.

Un certain nombre d’obstacles qui pourraient gravement hypothéquer un embryon de crédibilité lorsque l’on décide de débuter dans la musique, et surtout refroidir les undergrounders. Grave serait toutefois l'erreur de passer à côté de cet album uniquement parce qu'il est le fruit d'une enfant gâtée par la vie.

Oubliez donc tout ce qui précède. Ne retenez qu'une chose : Sophie Auster vient de publier un album tout simplement exceptionnel de beauté, le genre d’œuvre intemporelle dont on parlera encore dans quelques années. Car à seulement 17 printemps, elle possède une voix extraordinaire, mûre, chaude et ensorcelante, un sens du chant et de l’émotion très affirmés, et, surtout, sait s’entourer pour produire le meilleur d’elle-même.

Soyons clair, le disque est absolument inattaquable en ce qui concerne la qualité des textes et leur interprétation. Seules les compositions pop-folk naïves et passe-partout du groupe américain One Ring Zero pourraient décevoir, mais ce point faible est largement compensé par l’émotion à fleur de peau qui se dégage de cette voix magnifique, puissante ou douce, qui donne lieu à de purs moments de magie sur "The Door, "The Lover" ou encore "The Swimmer".

Premier essai transformé pour la jeune fille, qui se destinait plutôt à la comédie. Le seul conseil que l’on puisse lui donner, c’est de trouver un producteur, des compositeurs et musiciens à sa hauteur et qui lui permettraient d’accoucher d’un vrai pur chef-d’œuvre. En l’état, Sophie Auster se pose en divine promesse.