Songs About Dancing And Drugs
Circlesquare
Dans une soirée en club, on distingue généralement trois catégories de personnes : les premiers, alcoolisés jusqu’aux os, dansent frénétiquement jusqu’à en perdre connaissance pour finir vautrés dans les escaliers de la boîte ; d’autres, ayant fait leurs armes au cœur de ce genre d’endroits, dégustent leurs bières en esquissant quelques déhanchés gracieux, idéal pour profiter pleinement de la plastique du son ; et puis finalement on retrouve ceux qui ne savent pas ce qu’ils foutent là, très certainement tombés dans un traquenard tendu par ce qui leur sert d’amis. Circlesquare est très certainement de cette dernière catégorie.
Mais passer la soirée à l’écart, bien assis sur son tabouret à siroter ses interminables verres de menthe à l’eau, semble finalement être le plan idéal pour observer cette faune moderne dans ce qu’elle a de plus primaire. L’oeil est vif, alerte sur tout ce qui bouge, scrutant avec discernement les différentes scènes qui s’offrent à lui. Mais au final, après avoir essuyé trop de râteaux au cours d’une soirée déjà trop pesante, le Canadien ressent soudainement cette envie pressante de se rendre aux toilettes. Peut-être pour y faire ses besoins naturels (les menthes à l’eau, ça vous fout en l’air une vessie en moins de temps qu’il ne faut pour le dire), mais sûrement aussi pour prendre le temps de s’arrêter, de souffler, de prendre du recul sur ce trop-plein d’émotions. Assis sur le trône, Circlesquare pense alors sa musique avec une décontraction qui est avant tout le signe d’une adéquation totale avec son milieu. A cette distance, on entend encore les battements sourds d’une basse sur les murs décrépis, trop loin pour s’en exploser les lombaires mais assez proche pour encore ressentir les vapeurs moites qui s’en dégagent.
Le spleen du moment pousse notre geek à sortir ses plus belles ambiances cold-wave, affûtant les contours de sa guitare hawaï-style au moyen de confiture acid. A bien écouter, on croirait presque entendre un beat 4/4 couillon se blottir au creux de la voix de velours du Canadien, une mesquinerie présente uniquement pour défier de manière insensée la fureur qui règne à quelques pas de là seulement. A peine le temps de composer son dernier tube synth-pop que notre extra-terrestre se fait virer à grands coup de pompes par madame pipi, bien mécontente de voir ce nerd occuper les lieux depuis une heure maintenant. De retour dans cette foire aux lions, Circlesquare constate sans trop d’étonnement que la vigueur des uns (souvenez-vous, les allumés de la première catégorie) est retombée bien en-dessous du niveau des chaussettes alors que les autres ont préféré retourner sagement aux côtés de leurs moitiés respectives. Alors comme pour conjurer le sort, notre geek se décide à prendre ses couilles à deux mains pour la première fois de la soirée, séduisant ce qu’il reste de conscient chez ce vieux cachalot accoudé au bar à l’aide de ces quelques chansonnettes. Finalement, ce disque est une histoire de danses que vous ne pratiquerez jamais, et de drogues que vous empresserez de refuser. Pas con le mec.