Saint Dymphna
Gang Gang Dance
On le disait plus tôt, le label Warp vit en cette année 2008 une époque troublée. A tel point que le label ne peut plus à présent compter que sur ses nouveaux talents pour irradier de son charisme la scène électronique mondiale. Si on connaît mieux à présent Flying Lotus ou Pivot avec leur premier album sur l’écurie de Sheffield, voici que débarque Gang Gang Dance, quatuor new-yorkais déjanté qui alimente à lui seul le buzz de ces derniers mois. Certains parlent désormais de Gang Gang Dance comme «la meilleure chose qui pouvait arriver au rock depuis maintenant dix ans ».
C’est que Saint Dymphna tombe à pic dans son époque : croisement intelligent de ce que le punk-dance sait faire de mieux avec les expérimentations électroniques fidèles à l’image du label. Désacralisant en un tour de main les dernières frontières qui séparent encore les genres entre eux, Gang Gang Dance est avant tout une implacable machine à faire rêver. N’hésitant pas pour ce faire à catapulter le rock, le post-punk, l’acid house ou encore la pop dans leur derniers retranchements. Exemple à l’appui, on passe d’une ballade acid psychédélique (« Vacuum ») à un grime furieux sur lequel Tinchy Stryder devra bientôt esquiver les salves de guitares pincées et arides (« Princes »). De tube en tube, Gang Gang Dance avance sereinement en balançant des titres à la consonance très artisanale, sorte de croisement subversif entre l’intellectualisme geek pop de Dan Deacon, la furia des Anglais de Foals et la mathématique infernale de Battles. D’ailleurs à entendre Saint Dymphna, on ne doute pas un seul instant que cette poignée de noms jetés à la va-vite se révèle être des influences majeures pour le quatuor, le talent de ces quatre lascars suffisant pour transformer ces onze titres en un manifeste d’inventivité et de créativité (bien loin donc d’une quelconque resucée minable des formations précitées).
On assiste ainsi à la naissance d’un groupe à fort potentiel, nourrissant de manière certaine l’intérêt de son auditeur par sa tendance à se poser entre les lignes et sa capacité à pondre des objets musicaux non identifiés tout au long d’un premier album (sur Warp j’entends) foisonnant, freaky et assurément décalé. Si le rock, la pop ou la house vous ennuient à mourir et que vous désespérez de trouver un disque à la hauteur de vos attentes, adopter Saint Dymphna semble être l’alternative idéale pour passer un hiver tranquille sous les soleils de la folie créatrice. Alors qu’on sait qu’un deuxième album est dès à présent en cours d’écriture, on ne peut que se réjouir et se délecter comme il se doit de ce premier album annonciateur de très grandes choses. Warp est mort, vive Warp !