Pop Ambient 2010

C’est avec une régularité de métronome (à l’instar de la série Total) que le label Kompakt nous livre ses compilations Pop Ambient. A raison d’un volume par année, la série propose une alternative à l’ensemble des productions tech-house de la maison mère de Cologne.  Et là où la frange dancefloor de la célèbre écurie semble décevoir à de nombreux égards – hormis quelques coups d’éclats sur album, comme The Field, GusGus ou encore Matias Aguayo – les compilations Pop Ambient témoignent d’une stabilité qualitative largement appréciable, cette institution n’ayant été que rarement mise en doute. 

Car finalement, la différence fondamentale qu’est l’absence de beat ne devrait pas nous faire oublier que l’ambient ici proposée est d’une simplicité enfantine, d’une transparence à l’épreuve des balles. Et si on retrouve dans l’ensemble l’essentiel des producteurs qui font de Kompakt ce qu’il est (le géant Wolfgang Voigt, l’homme derrière la sélection de cette compilation, Mikkel Metal, Dj Koze, Jürgen Paape ou encore Thomas Fehlmann), ceux-ci ne sont pas devenus d’un coup de baguette magique des sorciers d’une ambient complexe et contemporaine (à l’exception peut-être du superbe « Clouds Across Face » d’Andrew Thomas). Mais que ceci ne soit pas compris comme un écueil, car cette configuration donne droit à des balades romantiques aux mélodies affinées, emplies sans remords de promptes guitares et autres incursions organiques. D’ailleurs l’auditeur comprendra vite qu’une fois la tentation ésotérique mise de côté, il pourra se laisser aller à contempler treize titres de bonne facture, aussi simples que joliment façonnés.

Pour le reste, le label a invité une fois de plus quelques noms ronflants de la scène électronique afin d’élargir un peu plus sa sphère d’inspiration. On retrouve avec un certain plaisir Popnoname ou encore les vieilles gloires de The Orb, même si le véritable coup de génie de cette compilation est d’avoir convié au festin le nouveau crack du genre, officiant dans un registre strictement ambient/dub, j’ai nommé Bvdub (ou Brock Van Wey si vous prenez sa signature sur le très estimé label Echospace). En effet, ce dernier se révèle capable, en deux titres de respectivement quatre et dix-sept minutes, de vous convertir le cru Pop Ambient 2010 d’un album passable à carrément recommandable. Car si on y regarde bien, une fois les pièces du puzzle assemblées, ce nouvel opus tient largement la route grâce à une certaine forme d’équilibre où les tendances à l’inertie seraient vite rattrapées par quelques coups de génie (le très beau «864m » de Jürgen Paape notamment). Et on en revient finalement à ce qui a été évoqué plus haut: Pop Ambient 2010 répond de son appartenance au label, en mieux peut-être.