Oi Oi Oi
Boys Noize
A première vue, tout semblait indiquer que l’on tenait là un bon disque de punk : une pochette cartonnée simpliste arborant un crâne hors de prix rappelant les productions de chez Hellcat Records, ajoutez à celle-ci un titre d’album prompt à ravir une masse déchaînée de coreux et vous obtiendrez tout ce que cet album n’est pas. Car des guitares lourdes et frénétiques, Alex Ridha ne semble en avoir gardé que le côté bruitiste pour assouvir ses envies electro. On le sait depuis maintenant quelques années déjà, Boys Noize représente le fleuron allemand de l’industrie de la hype électronique (à l’instar de Digitalism), et celui-ci ne s’est pas privé de le scander au travers d’une multitude de remixes, souvent fort bien réussis faut-il avouer. Les attentes placées dans ce disque étaient d’autant plus immenses que le reste des productions « eurotrash » (à défaut d’un terme plus adéquat) semble tristement tourner en rond.
Quitte à taper, autant taper fort a du se dire le natif de Hambourg pour la création de ce OiOiOi pétaradant, car pour faire du bruit celui-ci s’y prend à merveille et massacre sans vergogne ses platines à l’aide d’une déferlante de nappes plus gigantesques les unes que les autres. Passé un « & Down » furibond, le kid est dans son élément le plus jouissif. Je dis bien le kid car l’auditeur si peu attentif soit-il comprendra rapidement que le spectacle sera plus morne qu’on ne souhaite nous le faire croire. Ce disque reflète en effet à merveille le climat dans lequel il évolue, à savoir une course effrénée au son le plus tachant, le plus immédiat sans même avoir le bon sens de penser à sa solidité première. Rien de neuf n’est à grignoter ici, l’ensemble du disque étant à nouveau une parodie burlesque de cette « Ere Daft Punk » que l’on est en train de regretter un peu plus chaque fois au rythme des sorties actuelles du genre. Car Boys Noize nous ressert une succession logique de titres pompeux et prévisibles, pâles ersatz du renouveau electro rock qu’il prétend servir. Pire, le sieur Ridha vide le concept même de chanson, simplifiant celui-ci à sa version tubesque en faisant fi de toute structure, si basique soit-elle, pour toucher un auditeur dans son plaisir le plus primaire, celui du dancefloor sauvage. C’est peut-être là qu’il faut aller chercher le plaisir de OiOiOi, cette satisfaction égocentrique que peut produire une nappe pitchée comme il le faut sur une piste de danse trempée de sueur, criant à tue-tête notre désintérêt total pour ce qu’il nous reste d’esprit critique dans cette foire aux lions.
Nous pourrions passer en revue l’étendue du massacre au travers de dithyrambes démagogiques, dire de cet album qu’il est la réincarnation d’un son electro-trash-punk méritant, mais tout ceci ne serait que mensonge. OiOiOi est un disque à danser, à remixer, à consommer puis à jeter. Rien de neuf à l’horizon donc, toujours cette autosuffisance caractéristique d’une prise de risque au point mort. Reste donc de ce disque inoffensif une perversion doucereuse, loin de son sujet. À l’entendre les rues de Hambourg paraissent bien propres, une pauvre victime de plus sans doute.