Fly Or Die
N*E*R*D*
Depuis quatre ans, Chad Hugo et Pharrell Williams, alias The Neptunes, sont absolument partout. Quand ils ne sont pas en train de produire les derniers tubes de Britney Spears, Nelly, Kelis, Snoop Dogg ou Justin Timberlake, ils sortent leur propre compilation, Clones, avec un casting de rêve et encore plus de hits potentiels ("Frontin’" avec Jay-Z par exemple). Et bien sûr, il y a N*E*R*D*, leur projet rock/rap, où le duo, accompagné du rapper Shay, se laisse aller à ses pulsions musicales les plus primitives. Autant dire qu’après un In Search Of de très haute volée en 2002, tous les regards sont tournés vers ce deuxième opus fraîchement débarqué dans toutes les bonnes crèmeries à grand renfort de publicité.
Passons outre la pochette ringarde à souhait. Passons également outre ce premier single diablement sexy, "She Wants To Move", son clip aguicheur et typiquement machiste dans le plus pur style du rap US, car il n’est en rien représentatif de l’album. Ou si peu. Il y a bien les simplistes "Backseat Love" et "The Way She Dances", sans doute les deux morceaux les plus faibles du disque, qui se placent dans la même veine funky mais sans la même réussite. Il y aussi le tubesque "Thrasher", successeur tout désigné du "Rock Star" du premier album, et titre le plus immédiat et le plus dur avec ses « Fuck 'em all ! » à répétition.
Le reste est d’une autre envergure. D’une autre classe, même. Pas tout à fait rock, pas tout à fait pop non plus, Fly Or Die oscille entre les genres, se les approprie, les réinvente, passe d’un style à un autre, casse les rythmiques, varie les tempos, se permet le luxe de mettre trois refrains différents dans un seul morceau, et le tout avec une fluidité insolente. La pièce centrale de l’album, "Wonderful Place", avec ses 7 minutes et ses deux parties distinctes est l’exemple même de la fusion musicale réussie. Pour autant, Chad Hugo et Pharrell Williams n’ont pas oublié d’écrire les prochains sommets des charts : outre "Thrasher", des titres comme "Jump" ou "Breakout" ont toutes les chances de s’attirer les faveurs du plus grand nombre, ce qui n’est pas forcément le cas de l’intégralité du disque.
Au final, Fly Or Die survit à toutes les épreuves : le célèbre symptôme du difficile second album, une hype excessive qui aurait pu se révéler destructrice, et même quelques erreurs de casting (Lenny Kravitz sur "Maybe", les frères Madden de Good Charlotte sur "Jump"). Moins facile d’accès que In Search Of, le disque se révèle néanmoins plus long en bouche et plus satisfaisant malgré ses faiblesses. A défaut de tenir avec N*E*R*D* l’avenir du rock, on se contentera donc d’un présent plus que jouissif.