Curses

Future of the Left

Too Pure – 2007
par Jeff, le 26 octobre 2007
7

Le soir, après m’être soigneusement brossé les dents et avoir enfilé mon plus beau pyjama en éponge, je me glisse sous la couette et je rêve. Je rêve d’un monde meilleur, sans guerres sanglantes, sans famines dévastatrices, sans NRJ, sans Laurent Ruquier et son équipe de nazebroques et sans Céline Dion. Je rêve également d’une planète sur laquelle McLusky ne se serait jamais séparé par un beau matin de janvier 2005. Car si la séparation du groupe gallois n’a pas fait les gros titres, il n'empêche que la perte fut énorme pour tous les amateurs d’un rock sévèrement burné et corrosif comme jamais. Et si rapidement après le split, John Chapple, bassiste du groupe, a rapidement donné de ses nouvelles via son excellent groupe Shooting At Unarmed Men, cela faisait bien trop longtemps que l’on était sans nouvelles discographique de la part de deux autres membres du trio infernal, la chanteur/guitariste Andy "Falco" Falkous et le batteur Jack Egglestone. Mais après de longs mois d’attente (leur nouveau groupe Future of the Left a donné son premier concert en juillet 2006), voici que nos deux lascars – accompagnés pour le coup du bassiste Kalson Mathias – débarquent avec sous les bras le premier album très attendu de leur nouvelle formation.

Première bonne nouvelle, Andy Falkous a conservé ce sens de l’humour cynique et décapant qui donnait à McLusky un charme indéniable et les compositions de Future of the Left sont affublées de titres aussi farfelus que « My Gymnastic Past », « Adeadenemyalwayssmellsgood » ou « Small Bones Small Bodies ». Et musicalement me direz-vous ? Future of the Left n’est plus produit, comme c’était le cas pour McLusky, par le génial Steve Albini, mais cela n’empêche pas le groupe d'être toujours aussi percutant. Fracas bruyant et jouissif, Curses est album qui rappellera de bons souvenirs à tous ceux qui avaient été violemment pris à parti par Falkous et ses sbires sur McLusky Do Dallas ou The Difference Between Me and You Is that I'm Not on Fire. Certes moins punk et enragées que par le passé, les quatorze compositions qu’a conservées Andy Falkous pour apparaître sur Curses sont suffisamment chargées en testostérone, en humour noir, pour déclencher chez tout être humain normalement constitué un accès de saine folie. A l‘écoute de Future of the Left, on a cette impression assez jouissive que les Pixies se font tabasser par un bande de gamins de merde composée de Shellac, les Butthole Surfers et Sloy.

Album débordant de hargne et de fougue, Curses est une « version 2.0 » plutôt réussie de McLusky, le son de basse écrasant en moins. Bref, il ne manque pas grand-chose pour que la magie opère à nouveau et que l’un de mes vœux les plus chers soit exaucé. Mais l’heure est déjà venue pour moi d'enfiler mon beau pyjama rose en éponge et de penser les yeux pleins d’étoiles à la reformation de McLusky et la mort horrible de Laurent Ruquier. Quant à vous, profitez bien de ce Curses, car il le vaut bien.

Le goût des autres :
7 Nicolas