Checkmate Savage
The Phantom Band
Le mois de janvier et son lot de sorties attendues (les nouveaux Franz Ferdinand, Animal Collective et Antony & The Johnsons en l'espace de deux semaines quand même) étant enfin derrière nous, les rédacteurs acharnés et dévoués que nous sommes allons pouvoir reprendre une activité un tant soit peu normale et partir de plus belle à la recherche de ces disques inestimables qui ne bénéficient pas à nos yeux d'une exposition médiatique digne de ce nom – et il n'y a qu'à jeter un œil à notre base de donnés pour se rendre compte que cette catégorie n'est pas vraiment en voie d'extinction. Bon, je dois bien avouer que dans le cas de The Phantom Band, les indices glanés ci et là sur le net me font penser que cette formation écossaise ne restera pas longtemps dans l'ombre – à peine sorti, Checkmate Savage s'est déjà attiré les dithyrambes de la presse british. Mais soit, pour le coup, essayons d'être les premiers sur la balle de ce côté de la Manche.
Originaire de Glasgow, signée sur le label Chemikal Underground et produite par Paul Savage (de feu The Delgados), cette formation-là va plus que probablement vous aider à rentrer de plein pied en 2009 et oublier les disques magnifiques qui ont marqué l'année écoulée. A la base, le nom de Phantom band vient d'une période de doute au cours de laquelle le groupe se trouvait une nouvelle identité à chaque concert. Une démarche qui peut faire sourire mais qui révèle toute sa pertinence à l'écoute de ce premier opus tout bonnement impeccable – n'ayons pas peur des mots. Certes, on imagine mal le groupe avoir réinventé la poudre à chacune de ses prestations, mais le fait est que ce Checkmate Savage étonne par l'énorme palette de genres abordés avec une facilité que l'on qualifiera de déconcertante. En une cinquantaine de minutes, les quatre gars de The Phantom Band convient Nick Cave, Neil Young, Joy Division et Mogwaï (en agrémentant le tout de claviers bien dans l'air du temps) pour un petit gueuleton qui laisse dans la bouche un arrière-goût agréable de quasi-perfection. En effet, rien sur Checkmate Savage ne sent l'effet de manche aussi facile que prévisible et qui permettra au groupe de s'attirer aisément les faveurs du public. Libre dans ses choix, le groupe mène sa barque avec beaucoup d'assurance et se permet même de séduire sur des morceaux flirtant avec des durées que l'on connaît au post-rock sans pour autant tomber dans le piège de la digression inutile que trop de groupes adeptes du genre n'ont pu éviter – avec une mention toute particulière pour "Island" et ses quasi neuf minutes de folk habité.
Vous l'aurez compris, les choses sont on ne peut plus claires: avec Checkmate Savage, The Phantom Band a accouché d'un premier album impeccable et dont on reparlera encore beaucoup – notamment lorsque viendra le moment d'établir les habituels classements de fin d'année. Certes, 2009 nous réservera encore de bien belles surprises, mais dans la catégorie "rock décomplexé et sans œillères", on tient déjà un prétendant de poids au titre de meilleur album de l'année.