At The Controls
Claude Vonstroke
Pensée il y a de cela peu de temps, la série de compilations « At The Controls » table apparemment plus sur la qualité que sur la quantité. Jugez plutôt : deux sorties retentissantes menées de mains de maître par les titans que sont James Holden et M.A.N.D.Y ont suffit à faire de cette filière naissante un gage certain de qualité. Et pour cause, on retrouve dans chaque opus cette volonté de donner carte blanche totale aux artistes triés sur le volet (« At The Controls » n’a jamais sonné aussi juste). Voulant toujours allier modestie et efficacité, le nom de Claude Vonstroke était une suite logique aux précédents travaux menés par ses pairs : après un maxi détonnant (le magnifique « Deep Throat », c’était lui) et un album plébiscité (Beware Of The Bird), ce producteur aussi discret qu’indispensable prend à son tour la tête des débats, conscient que l’erreur n’est pas permise dans cette tranche du monde électronique.
Et l’Allemand a bien intégré cette considération dans sa vision des choses : un premier cd qui transfigure un croisement réussi entre une electro/minimale de fort bon goût et une intelligence pratique du dancefloor ; entendez par là un juste équilibre entre la chaleur du hangar surchauffé et l’intelligence sans faille de tracks millimétrées. On prend un plaisir complet à voir se côtoyer une pléiade de titres monumentaux, apportant à cette sélection un renouvellement continu : les indispensables Catz + Dogz, DJ Koze (« Feed The Cat » au rapport), la paire détonante « The Fly » / « Smokemachine », le très controversé « Heater » de Samim (qui sut, à lui seul, alimenter les conversations de pas mal de forums mondains de la minimale). Ajoutez à cela des hurlements de singes enragés, des enchaînements parfaits et vous obtenez un premier mix sonnant comme exemple parfait du bon élève ayant suivi ses leçons avec attention.
Voici venue l’heure d’insérer la deuxième galette dans la platine et de découvrir, comme à l’accoutumée, un mix plus typé deep house, un poil trancey dans lequel on retiendra surtout les fameux « Nip Slip » de Matthias Tanzmann, le triptyque parfait Lee Curtiss (« Pink Panty ») / Italoboyz (« Hannibal ») / Gui Boratto (« Chromophobia »), mais surtout un « Viktor Casanova » toujours aussi surprenant (titre fétiche du Chilien Villalobos au moment du peakhour, idéalement coincé entre un Hawtin et un Gabriel Ananda). Voila qui donne sans peine une teneur toute aussi joyeuse pour ce deuxième mix tout en apnée, qui se fait instinctivement le jumeau idéal du premier disque encore brûlant.
Et notre auditorat ne s’y trompera pas, on se doit à nouveau de constater le caractère opportun de cette sortie (et non pas opportuniste) qui, lentement mais sûrement, affirme encore un peu plus sa qualité de métronome. Un choix judicieux parmi les maîtres achats de ce début de rentrée.