Allright, Still...
Lily Allen
On est à peine à la mi-juillet et déjà vous en avez plus qu'assez de vous faire harceler par ces "tubes de l'été 2006" que l'on tente par tous les moyens d'imposer à des tympans déjà fatigués à longueur d'année par la platitude des programmations radiophoniques et télévisuelles. Mais voilà que débarque sans prévenir la pétillante Lily Allen et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire (c'est-à-dire en créant une page MySpace), cette demoiselle d'à peine 21 ans signe un deal avec EMI, voit son premier single (le doux-amer "Smile") se hisser au sommet des charts britanniques, sa bouille de gamine apparaître en couverture du NME et son nom être catapulté un peu partout dans la presse européenne comme la nouvelle sensation pop porteuse de l'habituel vent de fraîcheur bien mérité en ces temps de canicule estivale. Bien sûr, depuis l'avènement express des Arctic Monkeys, la prudence est de mise. Pourtant, après quelques écoutes du premier album de la donzelle, le doute n'est plus permis: on ne tient pas le tube de l'été. On en tient onze, et ils se trouvent tous sur Alright, Still…!
En effet, il n'y a pas à dire, cet album possède toutes les qualités requises pour en faire la nouvelle "success story" de l'été 2006 et effacer rapidement des tablettes les 235 succédanés de Crazy Frog que l'on va essayer de nous refourguer dans les semaines à venir. Il y a tout d'abord sur tous les titres de Alright, Still… un potentiel séduction énorme qui devrait attirer dans ses filets tant le consommateur de masse que le mélomane averti - et qui en fait un disque de "pop" dans son acceptation la plus générique. Ce dernier ne manquera notamment pas de remarquer que derrière des mélodies plutôt prévisibles et une production peut-être un peu trop léchée se cache une gamine qui a ingurgité un pan impressionnant de culture musicale anglo-saxonne. Il y a tout d'abord eu l'éducation parentale qui s'est faite sur des airs des Specials, des Happy Mondays ou de Blondie pour ensuite laisser place à une période d'épanouissement en solitaire qui a vu Lily Allen prendre son pied sur les disques de Mike Skinner, de Barington Levy ou de Dizzee Rascal. Inévitablement, tous ces artistes (et bien d'autres encore) se retrouvent aux quatre coins de ce premier album qui mélange le sex appeal d'une Britney Spears ou d'une Nelly Furtado au meilleur de leur forme avec l'originalité d'une Robyn. Ecoutez donc des titres comme "LDN" (le premier single de Lily Allen tiré à 500 exemplaires et aujourd'hui quasi introuvable), "Alfie" ou "Friday Night" pour vous rendre compte du sens de la mélodie et de la faculté d'observation d'une demoiselle dont on attend beaucoup de choses. Enfin, pas avant l'été 2007. Parce que d'ici là, on a largement de quoi tenir!