France ne laisse personne indifférent. Certes, il faut avoir eu vent de l'existence de ce trio épastrouillant et il faut réussir à croiser sa route, mais quand c'est le cas, impossible de rester de marbre face à ce mélange tourbeux de drone, de kraut et d’expérimentation néo-trad joué avec une batterie, une basse et une vielle à roue électrifiée – cet instrument à cordes moyenâgeux que le commun des mortels associe davantage à un reportage dans le 13 heures de TF1 qu’à l’un des groupes les plus essentiels de l’Hexagone.
Depuis bientôt vingt ans, le trio assomme son public avec des prestations kilométriques, d'un extrêmisme conceptuel fascinant : France n'a qu'un seul "morceau" dans son répertoire, une ritournelle qu'il étire à l'infini, ou tout du moins jusqu'à ce que vous perdiez toute notion du temps qui passe, et profitiez de l'extase qui envahit celles et ceux qui ont réussi à s'abandonner corps et âme dans la musique du groupe.
Groupe rare sur disque comme sur scène, France ne sort que des captations de ses prestations, et cela à un rythme autrement moins régulier que celui dicté par sa section rythmique. Le dernier en date était, nous semble-t-il, Bizarro en 2020. Mais une autre sortie est enfin prévue (pour 2024 nous dit-on), un enregistrement au festival de l'association Rituale à Saint-Roman-De -Codières, village perdu au fin-fond des Cevennes. Un cadre magnifique donc, pour une prestation qui bénéficie d'une vidéo, qui rend admirablement compte de l'état second dans lequel le groupe emporte son public.