Le nouveau marché du streaming impose à ses artistes d’être omniprésent·es et de développer des stratégies qui poussent à démultiplier les clics pour plus de fric. Cette dynamique-là, Tiakola l’a bien comprise.
S’il a d’abord cultivé son image en enchaînant les collaborations efficaces, le membre des 4keus a surtout pris le temps de sortir un album solo calibré, MÉLO, qui ne se démonte pas malgré la fin de l’été et une certification platine. Pour aboutir à sa tracklist de 16 titres tous aussi léchés les uns que les autres, il a bien fallu produire quelques chutes studio, comme le suggérait la présence de titres inédits sur les différentes versions physiques du disque.
Calcul cynique ou partage altruiste, les trois morceaux exclusifs que Tiakola vient de lâcher doivent probablement appartenir aux sessions de préparations de son album. En agissant de la sorte, comme un recyclage, ils lui permettent alors de maintenir sa jauge d’écoute à flot tout en n’entachant pas la beauté de son projet. Bravo l’artiste.
Sauf que cette réflexion pourrait laisser entendre que « Sans nouvelle », « Mise en garde » et « Mayday » sont moins bons que le reste de l’œuvre de Tiakola : il n’en est rien. Bien qu’ils sortent en effet de la dynamique cohérente de l’album, par une approche plus vaporeuse et lunaire, ils démontrent surtout la capacité d’adaptation du chanteur qui parvient à s’insérer sur les productions sans leur faire de l’ombre.
On retrouve derrière celles-ci Junior Alaprod, Bloody, 4LIFE, Davy One et Xavii. Tous parviennent à créer un univers complexe et dense dans une nébuleuse immédiatement lisible. Elle réside sûrement là, la clé du succès dont se pare Tiakola : un plan marketing sans accroc, pour des travaux remarquables. Bravo l’artiste, et son équipe.