Terrace Martin poursuit ses élans engagés aux côtés de Leon Bridges

par Amaury, le 11 juin 2020

Il y a quelques jours, Terrace Martin a sorti un titre éminemment politique pour mettre des trémas sur les i au sujet des problématiques raciales que rencontrent les États-Unis. Dans la foulée, comme pour respecter le proverbe selon lequel on ne saurait apprécier les saveurs du miel sans avoir goûté au vinaigre, le producteur américain a publié aux côtés de Leon bridges un titre des plus canalisés, « Sweeter », dont les paroles évoquent pourtant les mêmes thématiques, selon une optique qu’il décrit ainsi : this is meditation music; it is not music for the ears but rather music for the heart.

Après le feu, vient donc le temps de panser ses plaies pour avancer la tête froide : la fureur ne saurait s’ériger raisonnablement comme seul guide. Certes, la parution successive de ces deux titres n’était pas calculée, puisque Leon Bridges gardait le morceau en réserve pour son prochain album, avant que l’actualité brûlante ne le pousse à le balancer sans détour.

Si cette succession est donc involontaire, ses effets n’en sont pas moins palpables : le titre « Sweeter » cristallise après coup aussi bien la rage et l’épuisement que le besoin de faire bouger les lignes, dans une production dont le minimalisme trouve par conséquent une éloquence beaucoup plus intense, et plus significative ; avec la grâce et la dignité comme signature.

Nous avons souvent vanté les talents de Leon Bridges dans ces colonnes, de Coming Home à Good Thing, en espérant toujours voir cet artiste calibrer ses manières, lui qui avait un peu trop tendance à hésiter entre le passé et le futur. Il semble aujourd’hui avoir trouvé le juste milieu pour que la forme de sa musique serve avec autant d’éclat le fond qu’il n’a jamais cessé de défendre. C’est ainsi que de très bons albums parviennent à se faire attendre, avec besoin et nécessité. On l’attend, donc.