Super méga giga cool : Lollapalooza débarque en France
Il y avait déjà Rock Werchter, Glastonbury, Roskilde, le Rock Am Ring ou le Sziget pour faire vivre (ou saturer ?) le marché des très gros festivals en Europe. Mais la ville de Paris visiblement, elle ne veut pas qu'ouvrir des parcs pour nudistes ou des centres pour réfugiés, elle pense aussi à se doter d'un bon gros festival. Parce que c'est vrai, c'est pas comme si il n'y avait pas déjà les Solidays, We Love Green ou Rock en Seine. Enfin non, visiblement, ceux-là étaient résolument trop bobos-hipsters.
Et puis quand Live Nation débarque avec son portefeuille plein à craquer de dollars et de groupes "incontournables" (et on insiste sur les guillemets), y'a pas grand monde pour résister, à commencer par le tourneur Nous Productions, propriété de Warner Music France et acteur important du marché récemment racheté par le groupe.
Donc voilà, du côté de chez Live Nation, on semble penser qu'on est encore loin de la saturation et qu'il y a encore un peu de place pour un gros festival urbain à Paris, que les gens n'en ont pas marre de voir apparaître sur une scène les mêmes 20 groupes qu'on voit partout ailleurs, sur une affiche qui a à peu près autant de cohérence que le discours de ton meilleur pote un samedi soir après son 14ème whisky-coca. En même temps, peut-on vraiment leur donner tort quand on voit qu'il y encore des millions de personnes en Europe qui sont prêts à investir le prix d'une semaine au soleil en Espagne pour aller entendre Coldplay, Mumford and Sons et les Red Hot Chili Peppers avec 80.000 autres couillons pour qui ce sera probablement le seul concert de l'année.
Donc après avoir lancé une version française du Download Festival l'année dernière (sur l'Hippodrome de Longchamp en mode Hellfest des bisounours), le mastodonte américain importe à Paris le Lollapalooza sur le même lieu, vu que sa déclinaison européenne fonctionne déjà à Berlin - l'affiche de la première édition qui s'est tenue en septembre ressemblait à ceci.
On rappelle quand même que le Lollapolooza tel qu'on le connaît aujourd'hui n'a plus grand chose à voir avec le mythique festival itinérant créé en 1991 par Perry Farrell, alors leader d'un des groupes alternatifs les plus visibles de l'époque, Jane's Addiction. Le rock indé avait alors le vent en poupe, mais ça n'allait pas durer. Suivant le déclin de ses têtes de gondole, Lollapolooza 1.0 disparaissait en 1997 avant de revenir véritablement sous la forme qu'on lui connaît aujourd'hui (un gros festoche à l'européenne) en 2005 à Chicago.
Mais revenons-en à nos oignons : parce que l'air de rien dans la capitale française, c'est un peu la panique, notamment du côté de Rock en Seine - le tourneur Nous Productions évoqué plus haut jouait un rôle important de la programmation de l'événement. De fait, selon le patron de Live Nation France, Angelo Gopee, du côté de chez ses derniers, on est "inquiets" - c'est ce qu'il confie dans une interview accordée à Télérama. Une interview qui pue le corprorate bullshit et les réponses toute faites à plein nez.
En effet, face aux questions assez claires de la journaliste, on a droit à de beaux éléments de langage bien rassurants mais qui peinent à cacher les visées expansionnistes et la vision toute édulcorée et sans saveur d'un secteur culturel parisien qui n'avait peut-être pas besoin de ça en 2016.
Mais bon, si l'idée d'aller perdre quelques centaines d'euros à Lollapalooza Paris cette année vous enchante, sachez que le festival aura lieu sur deux jours, les 22 et 23 juillet prochain. Et puis à en croire Angelo Gopee, ça va être du lourd de chez lourd, en mode "succursale en plein air de la Accor Hotel Arena": "Je ne suis pas sûr que les Vieilles Charrues, ni même Solidays, We Love Green, Rock en Seine fassent venir des artistes comme David Guetta, Calvin Harris ou Ariana Grande. Pourquoi le public parisien n’aurait-il pas le droit de voir ces artistes sur scène, dans sa ville ?" Tu l'as dit bouffon.