Sudan Archives: de la musique électronique de l'Ohio aux violons du Soudan
Pour tout vous dire, on n’aime pas trop les tendances marginales qui flirtent en réalité avec le cool un peu creux (si tu veux jouer de la musique avec des légumes, grand bien te fasse). Par contre, ce sont justement les hipsters les plus atteints qui nient leur appartenance à cette communauté, alors on doit bien l’avouer, il nous arrive souvent de prendre notre pied sur la discographie de Nicolas Jaar, Bonobo et compagnie.
Heureusement, des artistes comme Sudan Archives viennent effacer tout sentiment de culpabilité avec leur traitement particulier de ces tendances : la jeune chanteuse-productrice-violoniste de l’Ohio déplace leurs effets parfois néfastes en donnant une direction à la musique électronique expérimentale comme en sortant les musiques du monde de leur habituel rôle, souvent invoquées comme prétextes pour obtenir des couleurs et nuances exotiques.
Qu’on s’entende bien, le produit reste éminemment hype, mais il ne dénature pas ses composantes pour quelque profit. Sudan Archives semble profondément respecter les matériaux qu’elle mobilise, des rythmes ouest-africains aux violons du Soudan, en passant par le R&B moderne de plus en plus éclectique. En résumé, une nouvelle Abra qui aurait fait le choix de ne pas fondre l’entièreté de son alchimie dans ce dernier (et vous savez qu’on l’aime jusqu’au bout des ongles notre Abra.)
Dans cette triangulation, chaque style trouve à s’exprimer sur le même moment où ils se justifient les uns les autres. On regrette cependant de ne pas pouvoir encore éprouver des morceaux plus étendus, au gré d’élans plus étirés qui provoqueraient un mouvement plus intense. Reste à attendre seulement un mois, puisqu’on pourra probablement en avoir une idée avec l’EP Sudan Archives qui arrive ce 14 juillet sur Stones Throw Records.
D’ici là, si le catalogue des deux artistes précédemment évoquées ne vous suffit pas, on vous invite à vous envoyer la compilation Zaïre 74 – enfin diffusée depuis tout ce temps – pour rendre hommage aux artistes du continent, ceux que l'industrie avait maintenus dans l’ombre des géants superbes comme Bill Withers ou James Brown à la suite du festival éponyme.