Screamadelica se fait dépoussiérer
Screamedelica est généralement considéré comme le meilleur album jamais sorti par Primal Scream. Elaboré durant une bonne partie de 1990, en pleine folie britannique des raves, il voit se transformer un groupe jusque là typiquement indie-pop en représentants du crossover ultime entre rock, electro, dub, ambient et musiques du monde. Merci, l'ectasy. L'album sort sur Creation Records le 23 septembre 1991 et fait l'effet d'une bombe commerciale et sociale. Il remporte le premier Mercury Prize de l'histoire et devient un véritable symbole de ces années folles où le rock britannique oublia un moment les Beatles, les Kinks et Paul Weller pour s'inspirer d'un univers musical nettement moins insulaire et patriote. Aujourd'hui encore, ce disque reste complètement incontournable pour qui s'intéresse à la musique anglaise, même s'il sonne peut-être un peu plus daté que ses successeurs les plus réussis, les bien davantage vénéneux et tortueux -donc actuels- Vanishing Point, XTRMNTR et Evil Heat.
20 ans plus tard, l'industrie est en crise et Primal Scream n'a plus rien sorti de déterminant depuis au moins 8 ans. Revoilà donc Screamedelica remasterisé par Kevin Shields (My Bloody Valentine) et le groupe, accompagné de remixes d'époque, d'un live in LA de 1991, d'un DVD de 30 minutes, d'un bouquin de 50 pages, de cartes postales et même d'un t-shirt si vous achetez le coffret total collector. D'autres formules apparaîtront bientôt, y compris, on le suppose, un CD tout simple. Cette réédition atterira dans les bacs le 7 mars 2011. Et histoire que tout cela ne passe pas inaperçu, le groupe rejouera Screamadelica dans son intégralité sur différentes scènes anglaises mais aussi lors de divers festivals européens. Au milieu de ce blietzkrieg passéiste et pas forcément garant de plaisir (il est notoire que Primal Scream sur scène, c'est vraiment très inégal!), signalons tout de même une action promotionnelle qui vaut le détour : sur BBC6, le dj Andrew Weatherall, producteur partiel de Screamadelica, a dernièrement présenté une émission expliquant durant deux heures les influences de Primal Scream durant l'enregistrement du disque. C'est encore écoutable en podcast ICI. Et ça, c'est vraiment bien...