On pense quelquefois que Loyle Carner pourrait sauver le monde. Simplement. L’énergie que son rap dégage au travers de sa sobriété intense et lumineuse suffit pour le comprendre. Cependant, après avoir sorti son excellent premier album Yesterday’s Gone, le jeune MC londonien s’était évaporé dans une longue parenthèse dont le silence vient seulement de se briser, avec la douceur colorée de « Ottolenghi ».
Pour ce dernier, Loyle Carner s’est offert les services de Jordan Rakei, un jeune producteur de r&b alternatif comme Londres en compte à la pelle. Mais ce choix s’avère payant, tellement l’association percute sur un titre posé qui n’est pas sans rappeler les grandes heures du hip-hop anglais. Un choix tellement payant qu’il invite même à retourner dans le sillon de Wallflower que Jordan Rakei avait sorti un peu plus tôt en 2017 et qu’une partie de la rédaction avait quelque peu snobé – parce que bon hein, on avait déjà du se taper l’album de Solange, le compte était bon pour un moment.
Le boulot des deux complices a enfin été mis en images par Oscar Hudson qui continue à céder à Loyle Carner une esthétique émue et nostalgique, toujours proche de la sphère intime et familiale – noyau dur, au cœur de son œuvre.