C'est con à dire comme ça, pourtant il faut le souligner d'emblée: en 2015, Red Bull, ce n'est pas seulement une boisson énergétique. C'est même beaucoup plus que ça. Outre une omniprésence dans le domaine du sport (extrême d'abord, et du sport tout court aujourd'hui), la marque autrichienne se veut culturelle, créative et souhaite laisser son empreinte dans une musique électronique qui n'a jamais aussi populaire auprès d'un large public qu'en 2015. Et pour aller au fond de la démarche, la Red Bull Music Academy a été créée en 1998. Son concept est simple: la RBMA est une sorte d'académie itinérante, où pendant 5 semaines des jeunes producteurs venant des quatre coins du globe et triés sur le volet vivent au rythme de master classes et concerts. Ces derniers, souvent liés sous une thématique, sont ouverts au public. Cette année, la RBMA atterrit à Paris du 24 octobre au 28 novembre. Nous avons décortiqué le programme pour en retirer 5 événements à ne pas rater.
Mardi 27 octobre - Réalités Concrètes - Garage MU
Pour introduire doucement ces 5 semaines de festivités, quoi de mieux qu'une soirée intimiste et hors des sentiers battus par les horde de kids. Et comme ils sont malins chez RBMA, ils ont trouvé un des lieux les plus uniques de Paris, le Garage MU, pour y placer une soirée plus cohérente avec l’endroit qu’avec le sponsor. Nous y trouverons les participants du cru 2015 qui, vous l’aurez deviné, ont de grandes affinités pour l’ambient et la musique expérimentale. Au menu de cette soirée, nous trouverons le belge Hiele, aux deux albums sortis sur le label anversois Ekster. Il nous fera découvrir son univers entre IDM, acid house et footwork. Great Lakes Mystery, producteur irlandais à la musique très cinématographique et contemplative complètera le line-up, avec la pianiste FRKTL. Enfin nous partirons en voyage avec la musique atmosphérique du colombien Malard et Luisa Puterman, l’enfant cachée brésilienne de Steve Reich.
Jeudi 29 octobre - Pitchfork Music Festival Paris After Party - Le Trabendo
On aura beau se renier, vouloir se taper des heures de field recording ou des concerts de folk à caractère bileux, on en revient toujours à nos amours d'adolescence. Et ça tombe plutôt bien: l'aftershow du Pitchfork, c'est l'occasion de faire ce grand écart entre des sphères dont on essaie désespérément de faire partie, et d'autres auxquelles on revient irrésistiblement. Les années précédentes, on avait notamment pu croiser Lone ou Jacques Greene jouer la carte du fan service à un auditoire fracassé à la manzana bon marché. Et cette année difficile de faire mieux que de perpétuer cette tradition en invitant à la sauterie l'Ecossais Rustie, histoire d'achever la jeunesse en American Apparel à grands coups de wonky fluorescente. D'ici en tout cas, on imagine mal la fosse du Trabendo ne pas succomber. Surtout si les téméraires Stwo et Nosaj Thing évitent de surjouer la carte du mix binaire en d'échauffement.
Vendredi 6 novembre - 50Weapons Finale - Concrete
Ça fait un peu vieux cons nostalgiques de répéter qu’on regrette la fin de la structure 50Weapons, mais tant pis, on assume. Pour ceux qui débarquent, 50Weapons est un des labels créés par Modeselektor, avec Monkeytown. Après 10 ans de services globalement bons et loyaux, la structure va fermer ses portes, après avoir sorti le Obsidian de Benjamin Damage et une ultime compilation-hommage. Vu combien de gens biens sont passés sur cette structure (Marcel Dettman, Laurent Garnier, Phon.O, Addison Groove,...), rien de plus légitime pour la Red Bull Music Academy que d’offrir une scène aux noms marquants du label. Sans doute une des dernières occasions d’écouter sur une même soirée des prestations de Modeselektor, Shed, Benjamin Damage et Bambounou - entres autres. N’y allez pas si vous êtes fans de minimale, ça risque d’envoyer du gros son, parfait pour un vendredi soir de novembre.
Goûte Mes Mix #51: Benjamin Damage by Goûte Mes Disques on Mixcloud
Dimanche 15 novembre - Kamasi Washington - Le Trabendo
The Epic : tel était le nom de cet incroyable album dont on vous a déjà parlé. Trois heures de voyage dantesques qui laissaient entrevoir tout le talent de Kamasi Washington et de son collectif, West Coast Get Down. Le format peu habituel de l'album et la collaboration du bonhomme avec un certain nombre d'artistes reconnus sur la scène hip-hop (notamment avec un certain Kendrick Lamar) ne font que confirmer l'idée qu'il s'agit d'un artiste exceptionnel. Son premier live en France, c'est le 15 novembre : 3h30 de jazz endiablé au Trabendo, accompagné d'une certaine Emma-Jean Thackray, qu'on ne connaît pas du tout. Mais un rapide survol de son Soundcloud nous confirme que des tas de choses géniales se produiront au cours d'une soirée qu'on ne manquera à aucun prix.
Mercredi 18 novembre - Afrique Polyrythmique - La Bellevilloise
Quand il s'agit de parler de musique africaine, il n'y a pas que le coupé-décalé de Magic System. Bref, on tient avec cette soirée LA très bonne idée de la RBMA 2015. La musique électronique n'a pas de frontières, mais il n'y a pas que la Concrete dans la vie des Parisiens. L'Afrique aussi regorge de rythmes électroniques méconnus qui offrent une certaine vision de la modernité et de l'espace-temps, en n'oubliant pas les musiques traditionnelles. Tinariwen, Omar Souleyman ou Acid Arab en sont déjà de bons exemples. Rien que la présence de Okmalumkoolkat, auteur de "Allblackblackkat", vaut le détour. Son hip hop hypnotise, intégrant le kwaito d'Afrique du Sud au format américain. Son compatriote Nozinja, signé lui sur Warp, offre une autre forme de transe avec sa curieuse électro Shangaan, alimentant ses beats 8-bits de références traditionnelles. Ce qui tranchera avec la présence presque anachronique de la chanteuse populaire du sud du Mali, Nahawa Doumbia qui, pourtant, place l'intemporalité au coeur de la soirée. Démonstrations de force et hommage français à la musique africaine (avec le collectif Secousse et CongopunQ) ambianceront une Bellevilloise qui ressemblera à une immense cour de récréation.