À intervalles réguliers, GMD vous sert le meilleur du rap (en) français. Le pire aussi parfois. 10 titres, 10 courts textes pour résumer le bail.
Tiakola – M3lo
Après avoir explosé son capital hype en démultipliant les collaborations, il était temps que Tiakola sorte de sa logique single pour enfin proposer la bombe qu’on attendait de lui : une plaque qui lui serait entièrement réservée, sur laquelle sa science de la mélo ne serait plus un bras droit efficace, mais bien l’unique trait d’une rafale lumineuse. Comme un éclaireur, « M3LÓ » est venu confirmer le plan, en annonçant que le vocaliste a remis les gants pour missionner. Et ça vise juste.
Shay – DA
Le retour de Shay fait probablement plus de bruit que l’intégralité de sa carrière, et à raison. Avec le single « DA », la Bruxelloise découpe la prod’ comme personne, comme jamais, sous une arrogance écrasante qui s’éloigne de toute prétention : la plus ricaine des francophones s’est bien emparée du trône avec une nouvelle manière de casser / décrocher des mâchoires qui s’impose par sa modernité sobre et ciselée, tapageuse, beaucoup plus efficace que les trop nombreux flows vocodés du game. Un futur sans accessoire.
Chinwvr – un jour ou l’autre
Quand Chinwvr a décidé de faire du son, il devait très certainement s’ennuyer dans une soirée plein air, à regarder une foule de ploucs s’enfiler des titres dance, club et rap, sous les jets de mousse et le croisement des lasers. Au lieu de perdre son temps, il a peut-être préféré créer le son de l’été ; pas le tube qu’on ponce pendant l’été. Non. Le vrai son de l’été, le bruit des tropiques, le cri du zodiac – la vie dans une granita. Tranquille.
Safari – Lion
La trap et la drill ont soufflé sur le monde, au point d’atteindre les ruelles de Seraing, petite ville de la banlieue liégeoise où sévissent les deux panthères du groupe Safari. Si leur cité n’a que peu à voir avec l’immensité des métropoles qui ont vu naître ces musiques, il est certain que nos rookies n’ont pas eu besoin de cette folie des grandeurs pour en saisir les subtilités : de la souplesse sombre aux martèlements froids, leurs flows se placent avec maitrise et intuition, dans le vent.
Captaine Roshi – Fast Life
Captaine Roshi, c’est la vraie piraterie, celle qui navigue sous les radars afin de mieux construire son attaque, à l’image du mercenaire qui surgit des eaux pour trancher des gorges. Il suffit d’écouter « Fast Life », extrait de son album Larosh, pour saisir sa dynamique d’abordage : au cœur d’une production noyée par les sons froids et la pluie d’adlibs rauques émergent les locutions aiguisées comme la mélancolie enivrante, de tout l’équipage : Yohoho.
Mairo - eritriste
Parmi les films que les rappeurs ne s'arrêteront jamais de référencer, il y a bien évidemment Scarface, Le Parrain, mais il y a aussi La Haine. Dans ce bijou en noir et blanc où s'enchaînent des images presque triviales de la vie de quartier, le plus fin des kickeurs de la Superwak apporte justesse, élégance et spleen sur "eritriste", un des morceaux les plus marquants de son dernier EP en date, Rougemort. Vivement la suite.
Ben plg - Réalité Rap Musique
En toute discrétion, le nord de la France tente de s'imposer comme une place forte du rap pour les années à venir. Avec notamment Zkr ou Bekar, Ben plg fait aussi partie de ces rimeurs illustrant le quotidien de ces coins où "ça se tue au pastis à 11 heures et demie". Bien entendu, vous trouverez des sons plus enjoués ou plus inspirés par Narcos ailleurs, mais ce rap prolo/écorché vif de Ben plg vaut le détour. Le meilleur équivalent rap de la saison 2 de The Wire.
Gros Mo - Paradis Artificiel feat Nekfeu
C'est un peu triste pour eux, mais les cœurs brisés de Gros Mo et Nekfeu ont offert quelques uns des grands moments de rap français de ces cinq dernières années. Jamais (trop) larmoyant, toujours touchant, ce tout nouveau duo Perpizoo/Seine Zoo se complète parfaitement sur "Paradis Artificiel" ; quand Gros Mo donne le ton, Nekfeu approfondie la réflexion sur une Bossa Nova servie par l'irremplaçable Enzoo.
Loud - Hold Up
L’absence de Loud commençait à devenir longue depuis qu’il a « blow » sur ses terres québécoises puis ensuite sur le Vieux Continent. On ne va donc pas cacher notre plaisir de retrouver le rappeur de MTL en verve pour qu’il réalise enfin ce vrai « Hold up » qu'il mérite tant.
HIBA - cinq bouteilles
Il est tard, l’alcool commence à faire salement effet, c’est ce moment précis où tout peut déraper que les frangins du groupe HIBA on choisit de nous faire monter dans leur gova pour un ride mémorable. Avec deux grammes dans chaque poche, les Strasbourgeois balancent un rap coloré et décalé qui annonce les cuites estivales. Sortez les teilles !