QLF : Que La Francophonie. L'observatoire du rap (en) français #41
À intervalles réguliers, GMD vous sert le meilleur du rap (en) français. Le pire aussi parfois. 10 titres, 10 courts textes pour résumer le bail.
Benjamin Epps – Notorious
On a déjà couché sur le papier tout le bien que l’on pensait de Benjamin Epps, rookie qui ne devrait pas le rester très longtemps. Avec ce clip à la gloire du B.I.G, on revient enfoncer le clou pour celles et ceux qui auraient raté celui qui s’affiche sans détours ses ambitions : “J’suis pas un phénomène de mode, j’suis un phénomène”.
Slimka – Hollywood
Comme Slimka l'entonne dès le début de "Hollywood", ça bouge du côté de Genève. Quelques temps sans nouvelles de l'un des membres les plus fantasques de la SuperWakClique, Slimka nous tease de belle manière la sortie de son prochain projet. Punch' tranchantes, refrain entêtant, la recette est carrée et le retour aux affaires plus que réussi. Après la signature de Varnish la Piscine sur Ed Banger et la sortie imminente du premier album de Di-Meh, la capitale des Helvètes risque de faire du bruit dans les prochains mois.
Sally - SHOOT ft Kanis, Chilla, Joanna, Alicia & Vicky R
Outre la sororité rafraichissante de "Shoot", il est intéressant de noter qu'il est, de base, difficile de définir le style de chacune des artistes présentes sur ce morceau. Cet aspect éclectique n'empêche pas ce banger d'un autre genre de jouir d'une cohésion remarquable, avec des performances plurielles, des rôles différents pour chacune des chanteuses présentes, mais avec le flex pour seul mot d'ordre. Est-ce qu'on est en droit d'appeler un posse cut d'un autre genre un pussy cut ? Jean Blaguin, humoriste !
Lazuli - No me tocas
On ne sait pas grand chose de Lazuli, sinon qu'elle est la nouvelle signature de Blue Room Records, label du producteur lyonnais Izen, que l'on a pu croiser dernièrement auprès de Brodinski, Tedax Max ou encore Exoslayer. Sans être la perle de l'été, ce premier effort de la rookie est frais, caribéen sans concession, et réussit clairement à nous rendre curieux pour la suite. On te voit Lazuli.
Le Ash – Prologue
Quand Astronote, producteur orléanais ayant notamment bossé pour Espiiem, Little Simz ou Kendrick Lamar ressort les couverts, il est essentiel de jeter un coup d'oeil. Et même si Le Ash semble encore être à l'étape embryonnaire de sa carrière et se perd parfois dans des fast-flows un peu cheap et dans la teneur de sa voix, le résultat, porté par une mélodie organique qui force la sensation de mélancolie, est tout de même remarquable.
Gambino – AMNESIA
En 2015-2016, la question préférée des ados de l'époque était : "Tu préfères JuL ou PNL" ? A croire que cette interrogation a donné des idées à Gambino La Fusée, puisque ce dernier a tout simplement décider de ne pas décider. Le Marseillais se voit lui aussi comme un habitant du vide intersidéral, construit ses rap sur des instrus Pop 80 et traîne son spleen nihiliste dans une quelconque immensité désertique. Une fusion aussi grossière de deux artistes aussi éloignés au prime abord ne devrait jamais fonctionner, mais qu'on se le dise : le bouton "replay" ne brille rarement autant qu'après écoute de "AMNESIA". Imparable.
Capitaine Roshi - Momonosuké (Freestyle Dragon 1)
Les copycats continuent d’affluer sans discontinuité dans le rap game, si bien que les emcees rentrent et ressortent du rin-té plus rapidement que des joueurs de handball. Dans cette grande valse de rappeurs, Capitaine Roshi trouve toujours grâce à nos yeux, et ce n’est pas ce "Freestyle Dragon 1" qui va nous faire changer notre avis d’un iota sur le talent du bonhomme. « On calcule les buts, le score était brutal », Capitaine Roshi is the new Karabatic.
Lyonzon x 667 - 669 (part 2)
C'est reparti pour une session au pied de la récente tour Incity lyonnaise. Les deux crews les plus sombres de France se sont retrouvés pour envoyer du lourd avec tout leur roster : Freeze Corleone, Zuukou Mayzie, Gouap, Bushi, Ashe 22 et cie. Parmi ce cortège de stars, on a quand même déceler quelques surprises, notamment le jeune Mussy, membre du crew Saturn Citizen et qui était venu poser quelques mesures avant la sortie de son premier EP fin juin. Clairement un bon moment finalement assez old-school pour le paysage rap actuel, qui rappelle qu'on balancer huit longues minutes sans refrain et claquer deux millions de vues en quelques jours.
Khali – La toile
Un jeune producteur devenu rappeur, et que tout le monde encense comme le futur du rap français, ça intrigue autant que ça inspire la méfiance. Mais force est de constater que des grands noms du milieu comme Myth Syzer ou Jean Morel ont confiance dans le jeune Bordelais, et que sa capacité à expérimenter, tant en terme de voix (coucou Butter Bullets) ou de prods fait plaisir. Si on n'est pas absolument convaincu par le clip en lui-même, ça va nous permettre de rentrer doucement dans la musique de Khali pour nous faire un avis.
Squidji - Ocytocine
Tout va trop vite. Rookie il y a encore quelques mois, Squidji semble bel et bien entré dans la cour des grands. C'est du moins ce que l'on veut nous faire croire, à en voir le mini-documentaire dévoilé à l'occasion de son premier album OCYTOCINE. Ambiance solennelle, producteurs et invités cinq étoiles : tout nous rappelle le Damso de Lithopédion. Et si la version de Squidji peut sembler quelque peu artificielle et prématurée, elle accompagne tout de même un joli disque rempli d'idées et de mélodies séduisantes. Faut-il brûler les étapes pour réussir en 2021 ?