À intervalles réguliers, GMD vous sert le meilleur du rap (en) français. Le pire aussi parfois. 10 titres, 10 courts textes pour résumer le bail.
100 Blaze – BINKS featuring Koba LaD
La nouvelle génération en a-t-elle quelque chose à foutre de la guerre ancestrale entre la cité phocéenne et la capitale ? Apparemment pas, puisque Koba LaD, nouvelle figure de proue du rap de la couronne parisienne, s’affiche avec le rappeur marseillais 100 Blaze pour un travail en commun sur ces bons vieux « binks » qui les rapprochent. Les deux jeunes artistes font alors une bonne promo pour leur label commun, Def Jam, prêt à tout pour continuer à niquer le jeu.
TiTo Prince - Bon Garçon
À chaque fois que l'on présente TiTo Prince, on souligne le fait que ce dernier n'use jamais de jurons dans ses textes, comme si cela suffisait à se faire une idée précise de sa musique. Oui, TiTo Prince fait plutôt partie du camp des "gentils"; oui, sa musique est dense et traite de sujets sociaux à travers son regard, mais attention à ne pas faire l'erreur de trop rapidement lui coller l'étiquette du mec chiant qui saccage la bonne ambiance. Dans l'esprit, le rappeur du 91 se rapproche bien plus d'un Kendrick Lamar que d'un Soprano. La référence au rappeur de Compton dans le refrain n'est donc pas anodine et permet également de montrer les ambitions du désormais Roi de son HLM. Le ton est donné.
Sneazzy - J'encaisse
Que tous ceux qui détestent Sneazzy se manifestent ! À ce moment, on imagine facilement trois lecteurs sur quatre précipiter leurs mains dans les airs comme si le refrain de "Elle est bonne sa mère" surgissait en club. Et ce n'est par surprenant vu que le rappeur de 1995 avait déjà joué la carte de la provoc' à ses débuts. Mais malgré une nouvelle image de mec cool, il peine à se débarrasser de son personnage d'antan. Ce nouveau morceau de Sneazzy ressemble donc à une nouvelle réponse aux attaques incessantes dont il est la cible : solide comme Nâdiya en 2006, le MC encaisse et continue son petit bonhomme de chemin, en route vers un album dans la lignée des trois DBSS. En plus d'apparaître dans ce clip particulièrement réussi de Syrine Boulanouar (également co-réalisateur du documentaire Les Étoiles Vagabondes de Nekfeu et d'un grand nombre de visuels de 1995), la bouille de notre ennemi préféré se retrouvera également dans les salles obscures dès le 24 juillet pour un long métrage intitulé La Source. Et bien sûr que nous irons au cinéma pour le haïr sur grand écran.
Marty de Lutece – Beretta
On avait pris un plaisir fou à suivre le parcours de Lutece, notre groupe préféré d’emo-trap ; coup de bol, on va pouvoir continuer en suivant le trajet solitaire de Marty, dans un style relativement différent. Après NOOB, sorti l’an passé, le Parisien revient avec le single « Beretta ». On ne sait pas non plus ce qu’il ferait d’un gun, mais le type est clairement capable de manier le micro, la boîte à groove, mais aussi la caméra, puisque la vidéo est faite maison. La bonne surprise pour commencer l’été.
Veence Hanao - Sur Le Visage
Sans vraiment nous décevoir, le retour aux affaires de Veence Hanao avec Le Motel nous a laissé un petit goût d'inachevé. Mais ce n'est pas grave : un an après Bodie, le Belge est de retour avec "Sur le visage", un titre de six minutes sur lequel on retrouve ce chant hésitant, mais terriblement séduisant qui nous avait renversés sur Loweina Laurae. Pas franchement d'humeur jouasse, il entrecoupe quelques couplets bien malades de headlines de journaux télévisés qui reviennent comme une ritournelle, histoire d'emballer l'ensemble dans un packaging apocalyptique du meilleur effet. Et ce n'est pas la présence discrète d'Angèle aux chœurs qui permet d'y voir plus clair dans ce sombre bail - si vous vous demandez ce qu'elle fout là on vous rappelle qu'il lui a écrit "La loi de Murphy" ou "Je veux tes yeux". Bref, ce n'est pas vraiment le genre de titre qu'on va écouter distraitement à We Love Green en sirotant un jus de goyave bio, mais en même temps, on n'espère jamais avoir à subir Veence Hanao dans ces conditions. Welcome back, manneke.
Wit - Mama Mia feat Laylow
La surproductivité du rap (et notre paresse) nous pousse parfois à omettre de parler de certains projets confidentiels au profit de certains gros blockbusters. Celui de WIT. fait assurément partie de ceux qui mériteraient bien un coup de projecteur. Sorti en début d’année, NEO s’impose comme un produit sacrément homogène qui s’inscrit dans la droite lignée de l’esthétique « digitale » proposée par Laylow et le collectif TBMA depuis quelques années. Montpelliérain d’origine et toulousain d’adoption, le rappeur confirme ce que Jul et André 3000 ont dit avant lui : « the south got something to say ».
Captaine Roshi – Freestyle Benibla
Benibla continue de s’afficher comme un des gros acteurs dans le milieu du rap français. Après le freestyle du crew Lyonzon, la marque de fringues a invité Captaine Roshi pour un freestyle pas piqué des hannetons. Le « Serpent de Pigalle », du haut de ses 22 piges, a clairement du talent, mais il est temps qu’il lâche les singles pour nous pondre un album, qu’on voit s'il est prêt à manger du iencli tout cru.
Le 77 - Lunetz
Il fait beau, il fait chaud, et ça Le 77 l'a bien vu venir. Les trois Bruxellois ont donc clippé leur "Lunetz", parce que le peuple accablé par la chaleur aura toujours besoin de synthés g-funk dodus et de refrains plus accrocheurs qu'une tique après une sieste dans le foin. Le 77, c'est un peu comme si Claudy de Dikkenek rencontrait Warren G : sur papier ça ne ressemble pas à grand chose (et en image c'est pas beaucoup mieux), mais en réalité ça fait souffler un irrésistible vent de fraîcheur qui fera toujours son petit effet dans la playlist de ton été.
Lyonzon – Tah Sah
On vous parlait un peu plus haut du crew lyonnais, qui se porte bien : les mecs sont plus que jamais repartis en quête d’une place au Soleil dans un rap jeu qui commence tout juste à donner aux artistes de la cité des Gones le place qu'ils méritent. En Attendant La Popance, leur nouvelle mixtape, est enfin sortie, et va nous permettre de tester leur capacité à se mesurer aux grands artistes francophones du rap alternatif. Avec toujours plus de lean et toujours plus de parkings.
SINN – Quart De Siècle
SINN, c’est ce type qui a en permanence l’air d’être au Burning Man. Chapeau de cowboy sur la tête, le rappeur du 93 est la nouvelle recrue du Studio Orfèvre. Après son single « Perception », le voilà de retour avec « Quart De Siècle », et loin de péter son câble dans le constat d’une vieillesse qui s’annonce sans être là, SINN est plutôt venu annoncer qu’à 25 ans, il n’en avait plus rien à foutre.