À intervalles réguliers, GMD vous sert le meilleur du rap (en) français. Le pire aussi parfois. 10 titres, 10 courts textes pour résumer le bail.
Blu Samu - Verbal Glock feat. Félé Flingue
À première vue, cette collaboration entre Félé Flingue du 77 et Blu Samu a tout du gros délire qui se paye gentiment de la gueule du 'rap de papa' – difficile de ne pas croire que les deux Bruxellois n'avaient pas le « Scenario » de A Tribe Called Quest dans le viseur. Mais à mesure que les écoutes passent, on se dit que la production est trop soignée et que les flows sont trop précis pour être dans le foutage de gueule bête, mais pas bien méchant. Alors il faut prendre « Verbal Glock » pour ce qu'il est vraiment : une parenthèse délirante (même le clip est en 4/3!) dans des carrières qui ont connu de gros coups d'accélérateur ces derniers temps.
Saturn Citizen - Entrax
Saturn Citizen, c'est un duo sur lequel on a bien envie de mettre une pièce pour les années à venir. Dans le sillage de crews dont on vous parle souvent comme le 667 et Lyonzon, les deux jeunes rappeurs pratiquent un art sombre et cru, arrosé de lean et surtout proprement soutenu par les prods de Rolla, désormais habitué du rap lyonnais. Si vous êtes clients de « Entrax » et de son clip hallucinatoire, filez écouter leur mixtape Saturn Tape Vol.1.
Osirus Jack - Lufthansa
Les internautes font preuve d'une imagination débordante lorsqu’il s’agit de commenter les clips d’Osirus Jack, et de le comparer à Tahiti Bob ou à Freeze Corleone avec des yeux. Autant de punchlines d’un beau calibre, mais qui ne rendent pas justice au formidable travail abattu par l’homme de l’ombre de la clique 667 : « Lufthansa » est une nouvelle preuve, après sa folle prestation sur le « Sacrifice de masse » de Freeze Co, qu’Osirus a de forts beaux arguments à faire valoir au format single. On veut la même chose sur la longueur d'un album maintenant.
Zed Yun Pavarotti - Papillon
« Comparaison n’est pas raison », mais putain qu’est ce qu’on aimerait voir dans ce « Papillon » de Zed Yun Pavarotti un remake de « White Iverson » par notre Post Malone gaulois. Ce fameux tube qui lui permettrait de se faire sa place au soleil. Pour le moment, on n'en est pas encore là, mais pas de doute : le phénomène Yun devrait continuer son ascension avec l’arrivée de son album French Cash dans le courant de l’année.
Cenza - Ma Gueule
À Montreuil, il y a la nouvelle génération représentée par Prince Waly, TripleGo et consorts, et l’ancienne, symbolisée, entre autres, par l’Uzine. Aussi quand Cenza, leader du collectif, décide de sortir tout un projet en hommage à la West Coast, avec visuels et look assortis (ces tresses à la Snoop période Death Row <3), on se penche sérieusement, sérieusement dessus, narvalo.
13 Block - OKLM Freestyle part 2 « Faut que »
Trois ans séparent les deux freestyles lâchés par le 13 Block pour OKLM, une éternité dans ce rap jeu. Trois années au cours desquelles les Sevranais auront su se hisser en haut de la chaîne alimentaire du peura hexagonal. Après un Triple S de haute volée et le tubesque « Zidane », le 13 blo gang revient nous éclabousser de son talent avec « Faut que ». Zefor, Zed, Old Pee et Detess débarquent avec de nouvelles trouvailles lyricales et une alchimie toujours plus forte. Les 4 Fantastiques qu’on vous dit.
Zeguerre - Freestyle Corsé 3
Dans le merveilleux monde du vivant, deux courses sont réputées pour leur difficulté : la course des spermatozoïdes pour féconder un ovule et la course pour percer dans le rap. Beaucoup d’appelés, mais si peu d’élus. Non content d’avoir gagné cette première course, le rappeur lyonnais Zeguerre est en passe de réussir la seconde. Avec ce troisième volet de « Freestyle Corsé », tout en nervosité et en technique, Zeguerre continue son petit bonhomme de chemin à coups de millions de vues sur Youtube. On attend maintenant un projet en bonne et due forme pour savoir si la course s’arrête ici ou continue.
Axe du Mal - Kiss Kiss
Sur "Kiss Kiss", nouvel extrait de leur EP Grand Rayon sorti en octobre dernier, l’Axe du Mal s’en donne à cœur joie avec cette bizarrerie qui le caractérise : musique de club des souterrains, samples vocaux improbables et surtout punchlines tombées du ciel (“sale et mystique mec, comme les eaux du Gange”). Le meilleur boyz band que la terre ait porté se trouve toujours du côté de Genève.
Hamza - HS (feat. SCH)
À chaque nouveau disque de Hamza c’est pareil : on compte les dodos comme des gamins. Alors que les invités polarisants ne manquent pas sur son Paradise qui arrive vendredi (Aya Nakamura, Christine & The Queens), le lutin de Laeken a choisi de clipper sa collaboration avec la superstar marseillaise SCH. On ne se le cache pas : une partie de nous pense que le S n’a fait qu’une bouchée du Saucegod ici. Mais ce buddy movie de trois minutes reste suffisamment solide pour qu’on ose penser que tout le reste du disque sera du même acabit. En tout cas au sein de la rédaction, le niveau de turn up a rarement été aussi haut.
Roméo Elvis - Malade
En 2011, Nekfeu avait déjà une élégance naturelle. Tout le contraire d'un Lomepal qui essayait d'avoir l'air street credible aux côtés de Nek Le Fennec dans ce clip, pour un résultat très « Snoop Doggy Dogg qu'est-ce qu'on attend ». En 2019, Nekfeu a toujours cette élégance naturelle, mais Lomepal lui n'est plus ce petit kéké qui a l'air d'avoir autant de personnalité qu'un album de Big Sean. C'est même lui qui impose sa vision d'un rap qui puise dans le rock indé américain et la bonne chanson française, et dont Roméo Elvis semble lui aussi vouloir se faire le porte-étendard. Sauf que, là où Lomepal concrétise sa vision artistique dans un clip aussi fort que le morceau qu'il met en images ("Trop Beau"), Roméo Elvis se prend les pieds dans le tapis sur « Malade », premier extrait un brin malaisant d'un nouvel album qui devra faire bien attention de ne pas se fixer un niveau d'ambitions que son interprète serait incapable d'assumer.