QLF : Que La Francophonie. L'observatoire du rap en français #21
À intervalles réguliers, GMD vous sert le meilleur du rap (en) français. Le pire aussi parfois. 10 titres, 10 courts textes pour résumer le bail.
Médine feat. Booba - KYLL
Il semblerait que Booba et Médine aient réalisé une percée majeure dans la recherche en génétique en théorisant la pensée suivante : « Du nègre, de l'Algérien font du Kylian Mbappé ». Pour fêter cette avancée scientifique de premier ordre, nos deux rappeurs ont décidé de prendre du bon temps en Algérie pour éclater des piñatas à l’effigie de la grosse dame blonde qui n’aime pas les bicots. Rien de plus normal. De notre côté, on avait bien une petite idée pour encore booster l’audience du clip : un octogone dans le Bataclan.
Gouap – Switch
Alors que le rap lyonnais perce sur la scène nationale au travers du 667 et de son représentant non-local Freeze Corleone, c'est bien le collectif Lyonzon qui reste le plus productif dans le 69, avec comme chef de file Gouap, présent à la prod et au micro sur son nouveau morceau, « Switch ». Avec une perpétuelle esthétique dépressive dans un micro-appartement chargé de matos de studio et de bouteilles de lean, le clip à très petit budget n'en dévoile pas moins une qualité musicale toujours plus stable dans le groupe aux quinze rappeurs.
A’s feat. Rox - Grande Ville
Il y a eu une vie en Suisse avant la SuperWak Clique et les Xtrem Boys - malgré tout le bien que l'on peut penser de ces jeunes margoulins. Aussi quand Rox, vétéran du D.U.O (pour Dangereux Uppercut sur les Ondes), et A’s, du collectif Marekage Streetz, se connectent le temps d’un morceau émouvant faisant le point sur des années d’activisme dans la scène hip-hop helvète, on s’assoit, on se tait, et on prend notre leçon d’histoire.
Loveni feat. Feujay & Brody - Stop Encore
Pas du genre à ne jouer que les faire-valoir chez les copains Prince Waly ou Ichon, Loveni revient avec "Stop... Encore", un single qui parle d'amours d'un soir, créant l'air de rien un pont inédit entre Vincent Perrot et Future. Et puis bon, un titre de rap qui se termine par une trompette, entre "Guerilla" de Soolking et "Skydweller" de SCH, on sait depuis le temps que c'est toujours un succès.
Laylow feat. Madd - Visa
Quand est-ce qu'on file la couronne à Laylow? Le Toulousain continue de cultiver sa singularité avec une esthétique sonore chiadée et des visuels qui en foutent plein les mirettes. Ici, il joue le match retour avec le Marocain Madd - avec lequel il avait déjà croisé le fer sur le désormais culte "Money Call" au printemps dernier - pour une nouvelle virée ensoleillée au pays des Lions de l’Atlas. Et dire que, pendant que l’homme bionique écrit l’avenir, le rap de MJC continue à se vendre par palettes dans ce pays... Allez faites-nous un kiff : prenez RK et rendez-nous Joke.
Myth Syzer feat Old Pee - Massacre
Avec Bisous Mortels, Myth Syzer a lâché son style de gendre idéal revêtu dans Bisous pour revenir à une imagerie ter-ter supplément bendo. Si le producteur vendéen ne pourra jamais afficher la thugerie d’un braqueur enfourchant un T-Max, ce nouvel extrait nous rappelle que le Syz' est aussi à l’aise avec un Muddy Monk en pleurs qu’avec un Old Pee au volant d’un gros gamos. On espère bien que cette schizophrénie continuera de nous régaler en 2019.
Berry x Phasm - Blauw
Dans "Blauw", Phasm confesse écouter Conway quand il voit rouge. Et il fait bien, le MC et producteur bruxellois du Six O'Clock Gang. Avec ce nouveau titre, qu'il partage avec son compère néerlandophone Berry, l'hyperactif Phasm joue à fond cette carte du nouveau boom bap de la côte Est, dont Conway et la clique Griselda sont les plus fiers ambassadeurs. Blauw end theory.
CL()WN - Hippies sans utopies
Pendant que ta dernière signature major fait appel à Nicolas Noel ou William Thomas pour tourner un clip bateau en un après-midi dans un hangar humide en banlieue parisienne, d’obscurs inconnus se prennent la tête pour proposer quelque chose d’un peu plus poussé. Preuve ici avec CL()WN, qui dégaine un triptyque visuel et sonore hyper classieux : alors qu'on suit l’amourette naissante entre une caissière et un fumeur de shit (meilleur pitch - appelez nous pour la comm' de vos futurs longs-métrages), le emcee enfonce le dernier clou sur le cercueil du flower power le long de trois morceaux oscillant entre rap et chant (“Vous épuisez les terres, épuisez les sentiments”, balance-t-il, l'air de rien). Quand on sait que le gava est également à la réalisation du court-métrage “L’Oncle” (qui constitue d’ailleurs une sorte de prolongement du clip, puisqu’on y retrouve les mêmes protagonistes) disponible depuis peu sur la chaîne YT de Daymolition, on n’est pas vraiment surpris par la qualité du bordel.
Diplo feat. Niska - Boom Bye Bye
En 2019, si t'as pas un couplet de Niska sur ton disque t'as raté ta carrière. Le rappeur d'Evry est en effet un incontournable de l'entertainment francophone, habile sur des tubes afro-pop ("Sucette" avec Aya Nakamura <3) comme sur de gros bangers du bendo. Sa dernière lubie en date : s'exporter à l'international, avec le coup de main de quelques gros bonnets de l'industrie. Premier à lui offrir ce ticket pour la chocolaterie, un Diplo fraichement échappé de l'aventure Major Lazer. Et grand bien lui en fasse : ici Niska est à la fois Katy Perry et Juicy J, porté par un beat EDM qui fera les belles heures de Tomorrowland.
Eden Dillinger - RK1x2YA
Jusqu’ici, Eden Dillinger faisait partie de ces blazes que l’on croise au détour de suggestions YouTube ou de quelque affiche de tremplin hip hop parisien, sans vraiment y prêter attention. Pourtant avec ce “RK1x2YA” - pour “Requin, requin, ya! ya!”, le membre du High Five Crew a le mérite de clairement nous entertainer pendant 2 minutes et 24 secondes. Croyez-nous, avec le nombre de clips flingués qu'on s'enfile quotidiennement pour votre plus grand bonheur, c'est une gageure.