QLF : Que la francophonie. L'observatoire du rap en français #16

par Aurélien, le 1 août 2018
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A intervalles réguliers, GMD vous sert le meilleur du rap (en) français. Le pire aussi parfois. 10 titres, 10 courts textes pour résumer le bail.

Maes - Billets Verts

Fraichement signé, le sevranais Maes laisse de côté ses pétages de plomb drill pour s'offrir avec "Billets Verts" une comptine des blocks produite par Double X, le duo de producteurs derrière "Macarena" (oui) ou "Tchoin" (non). Si cette douze millième relecture du mythe de Bonnie et Clyde n'apporte rien à cet hymne de stade, on espère que le titre sera jugé suffisamment solide pour lui ouvrir la porte des bandes FM d'ici à ce que le successeur de Réelle Vie 2.0 vienne confirmer toutes les attentes placées en lui.

Di-Meh - Chanel

Di-Meh dans une soirée pyjama, entouré de jeunes filles en tenue d'écolière qui se trémoussent avec des peluches de San Goku à la main ? En vrai, on attendait un peu plus de sales idées pour illustrer ce morceau de bravoure issu du sympathique Focus Vol. 2. Mais au final, comme nous sommes tous des hommes fascinés par les clips de Tommy Genesis et Dragon Ball Z, on a regardé ce spectacle jusqu'au bout, et sans trop avoir à se forcer. 

Big Budha Cheez - Une balle dans un flingue

Entre ambiance à la Mobb Deep et bail sombre façon Dälek, "Une balle dans un flingue" est un moment à part sur Épicerie Coréenne, le dernier album de Big Budha Cheez aka Prince Waly + Fiasko Proximo. Logique donc que son clip soit un peu à part aussi: en marge de leurs habituels hommages au cinéma de gangster, les compères évoluent les yeux révulsés dans ce qui ressemble à un asile désaffecté, dans une atmosphère digne de L'armée des 12 singes.

Wit. - Non Stop

Wit. vient accidentellement de froisser le rap français, et accouche avec "Non Stop" d'un tube qu'on déteste adorer, spontané et accrocheur. On ne se surprend d'ailleurs pas trop de croiser le digitalova Laylow dans ce clip qui ressemble a une story Instagram qui aurait oublié d'y aller mollo sur les emojis et les effets spéciaux dignes d'un film d'action ghanéen.

SCH - Mort de rire

Avec le Katrinasquad à la prod' pour solidifier ses appuis, le S revient a ses premières amours (l'époque d'A7) et offre avec "Mort de rire" ce qui nous manquait par moments sur ses récents disques: l'aboutissement parfait de son personnage de mafieux à la Salvatore Conte. Et avec trois million de vues en 72 heures, on a tendance à penser qu'on n'était pas les seuls à attendre qu'il revienne dans une forme pareille.

Makala - Youjizz

Vu qu'on est encore traumatisés par le bouillantissime "Ginger Juice" du début d'année, "Youjizz" a un peu de mal à garder les braises chaudes d'ici à l'annonce du premier long format de Makaka - et les productions redondantes de Varnish la Piscine ont leur part de responsabilité. Heureusement qu'il y a un sosie incroyable de Jorja Smith déguisé en elfe pour nous faire ravaler notre amertume.

Jazzy Bazz - El Presidente

Un peu plus fort à chaque nouveau projet, toujours plus haut dans son rôle de rap contender, le Parisien Jazzy Bazz reviendra à la rentrée avec un second long format forcément très attendu après un P Town qui le voyait en état de grâce. Et à l'écoute de ce "El Presidente" impérial et plein de charisme, on est convaincus d'au moins une chose: oui, ça fait du bien "un rappeur qui kicke lourd" en 2018. Et pas qu'à tes potes qui pensent que le rap n'a plus rien sorti de bon depuis L'école du micro d'argent.

Koba LaD - Train de vie

La recette de Koba LaD est aussi insondable que celle du Coca. On a beau y trouver des traces de la science du hook himalayen de Kekra, et un peu de l'attitude brouillonne et spontanée d'un Chief Keef inspiré, il nous manque un ingrédient non identifié qui laisse un sacré goût de reviens-y en bouche. Constat encore d'application sur "Train de vie": la première écoute n'est pas la plus agréable, mais ce refrain ne quittera pas l'encéphale avant une bonne semaine de gamberge. Pour notre plus grand plaisir.

LTA - Misfit

LTA, c'est un peu le Vénom du rap français: un superméchant qu'on adore et qui crache son venin sur à peu près tout ce qui l'emmerde. Un concentré de rage pure qui se suffit de deux minutes vingt pour repeindre sol, moquette et plafond, aidé par une production minimaliste et sombre qui n'aurait pas dénoté chez des darons comme Danny Brown ou Roc Marciano.

Tengo John - Cityzen Spleen (feat. Prince Waly)

Si on ferme les yeux, on pourrait jurer que "Cityzen Spleen" a été écrit sur la banquette arrière d'une grosse berline faisant le tour de Montreuil, un soir de légère pluie. En tout cas, Tengo John a merveilleusement su capter ce blues de proche banlieue parisienne, et conserve ici une retenue qui sert à merveille ce morceau de bravoure, saupoudré par la présence du maire en personne, Prince Waly, qui n'en finit plus de prendre de l'importance au fil de ses projets et de ses collaborations.