A intervalles réguliers, GMD vous sert le meilleur du rap (en) français. Le pire aussi parfois. 10 titres, 10 courts extraits pour résumer le bail.
Dosseh ft. Sadek - Tout est neuf
Avec "Infréquentables" en 2016, Dosseh a peut-être trouvé sa façon à lui de faire des singles : une succession de traits d'esprit lâchés sur une prod' minimaliste, et soutenu par un featuring prestigieux. Sur "Tout est neuf", c'est aux côtés d'un Sadek en grande forme que Doss' dégaine son plus flamboyant braggadoccio shit. De bonne augure pour son second disque à venir: dites bonjour au nouveau gérant du four.
Dimeh, Makala, Slimka - Depeche Mode
Il fallait marquer les esprits pour le premier morceau commun du cerbère de Superwak. Les trois Genevois les plus énervés du rap jeu ne respectent plus aucune règle et brisent complètement l'esthétique habituelle d'un morceau. 3 min 30 où s'enchaînent la précision rythmique de Dimeh, le chant autotuné de Makala et le charisme vocal de Slimka. La frénésie que crée ce "Depeche Mode" n'est qu'un aperçu de ce que le trio dégage sur scène, domaine dans lequel très peu (voire aucun) de leurs confrères ne leur arrive à la cheville.
ISHA - DOMAMAMAÏ
Depuis La vie augmente vol. 1, on sait que ISHA a ce petit quelque chose que les autres rappeurs belges n'ont pas. Après avoir vu le Bruxellois se confronter à Caballero ou Roméo Elvis dans le cercle de Fianso, on en est désormais convaincu: l'arme fatale du rap belge, c'est bel et bien lui, sa dégaine de tonton qui en a vu, et ses histoires qui sentent la galère. Alors que la sortie de LVA2 vient d'être repoussée, on patiente avec ce "DOMAMAMAÏ" à la bestialité joliment maîtrisée.
WACKO - 4 Tha Summer
Quand Wacko de la team des allumés de Nohell dégaine un summer anthem en plein hiver, autant dire que ça fleure bon les vacances, les stories snapchats et l'hédonisme total et décomplexé.
Soolking - Milano
Nous sommes en février et le tube de l'été vient déjà de sortir. "Milano", joué une fois lors du Planète Rap d'Hornet la Frappe a enfin sa version studio et son clip. Tout en jouissant tranquillement de son droit d'importuner, Soolking chante une sérénade orientalo-Rn'B à sa convoitée, avant de lui proposer une ballade en Vespa vêtu de son plus beau survet' de l'AC Milan. Ne cherchez aucune faille au business plan du nouvel électron libre de la DZ Mafia, vous n'en trouverez pas.
Tortoz - Rocksta
Tortoz pourrait être au rap français ce que le hair metal fut au rock: sur "Rocksta", il énonce des futilités avec un ton hyper premier degré, le tout posé sur une prod' aux accents grandiloquents. Pourtant, le pote de Mister V parvient à nous hypnotiser juste en énumérant la liste des marques qu'il porte sur le dos. Tout est violet, tout est rosé, tout est lean.
La Base - A QUOI TU PENSES
La Suisse aussi a son Big Budha Cheez : des revivalistes qui savent donner ça bien. Pas étonnant d'ailleurs que les gars de La Base aient collaboré avec Prince Waly. Sur "A QUOI TU PENSES", ils emmènent leur musique vers autre chose: le duo débite sur une version boom-bap de "Hotline Bling" et transforme son esthétique vintage en banger céleste. Des reusta en puissance.
Zola - Honey
1898, Zola publie J’accuse. 2018, Zola publie « Honey ». Un Zola qui a troqué sa barbe pour des locks, et sa plume pour un pilon d’OG Kush. Drôle d’époque. Le parallèle s’arrête là entre l’illustre écrivain français et le rappeur d’Evry. « Honey » vient surtout confirmer les espoirs placés dans ce kid de 18 ans depuis « Mia Wallace » et « Belles Femmes ». Pour ceux qui découvrent Zola, on pourrait le placer à mi-chemin de la fraîcheur d’un Junior Bvndo et l’univers plus sombre du crew 667. Un petit gars qui risque fortement de marcher sur 2018.
Oklou - Friendless
Si on a croisé le de nom de Oklou au détour de plusieurs projets intéressants ces dernières années, on a du mal à savoir qui est vraiment la chanteuse parisienne. On en saura pas vraiment plus avec ce "Fearless", mais le coup de pouce de tonton Krampf à la réal' du morceau parvient à transformer le R&B de la demoiselle en pop XXL et c'est déjà bien assez pour nos petits coeurs emo<3.
Marty - Demain
Un jour la France se rendra compte que Marty du groupe LUTECE est en fait notre Robert Smith à nous ; le seul garçon capable de chanter la claustrophobie, la paranoïa, la distance et la neurasthénie avec autant de justesse. En attendant qu'il remplisse des arenas devant des parterres de fans grimés comme lui, le Lyonnais sortira un premier EP solo le 23 février prochain. Cela va sans dire qu'on vous invite fortement à y jeter une oreille.