Ça y est. Le Primavera Sound de Barcelone, lointain cousin européen de Coachella (en moins silliconé), vient de présenter sa collection printemps/été 2018. Après 24 heures de digestion, on fait le point sur cette fournée hétéroclite qui rassemble du savoureux, du tiédasse et du whatthefuck.
- De toute évidence, c’est le Mad Cool Festival qui a raflé la plupart des gros calibres rock (QOTSA, Nine Inch Nails, Pearl Jam, Depeche Mode, Jack White, At The Drive-In…). Seuls rescapés de la faucheuse madrilène, Nick Cave et les Arctic Monkeys émergent entre les prothèses faciales de Björk et les chorégraphies épileptiques de Lorde. Cela paraît maigrichon mais pour être honnête, ce sont les plus petits poissons qui attisent davantage notre appétit (The War On Drugs, Ty Segall, John Maus, Idles, Slowdive, Mogwai, Cigarettes After Sex, Car Seat Headrest, Ariel Pink ou encore Dead Cross, le projet de Mike Patton et Dave Lombardo).
- Côté hip hop, ce n’est pas le défilé de majorettes non plus. Vince Staples, Migos, A$AP Rocky, Tyler The Creator, The Internet. C’est à peu près tout. Kendrick Lamar a une autre tournée à boucler et N.E.R.D. n’a pas encore fait chauffer le moteur. On sera tout de même heureux de retrouver Mike D derrière des platines et de renifler les chevilles de Jorja Smith, notre fiancée imaginaire.
- En ce qui concerne le metal qui tache et le hardcore qui crache, le Primavera a vraisemblablement tout donné lors de son édition 2017. Les invitations ont du se perdre en cours de route puisque les prétendants à haut potentiel sont nombreux à rôder en Terre du Milieu.
- Niveau quatrième dimension, on se dit que le manager de Jane Birkin a du sévèrement tapiner pour la placer aussi haut sur l’affiche. On soupçonne d’ailleurs une grande action « deux gainsbourgeries pour le prix d’une » puisque Charlotte essaiera tant bien que mal de meubler la grande scène la veille. Le même manager a sans doute dû salement s’égratigner les genoux pour offrir une position aussi confortable à The Blaze et ses trois pauvres titres.
- L’offre électro rempli le cahier des charges solidement mais sans surprise ébouriffante (DJ Koze, Marcel Dettmann, Nils Frahm, The Black Madonna, John Talabot, Four Tet…). Gros poutou assuré à John Hopkins qui nous fera l’honneur d’un live.
- Romeo Elvis ne joue pas au Primavera.
- Shellac jouera au Primavera. Comme chaque année.
Avec sa cargaison bariolée et ses petites lettres de qualité, la mega foire barcelonaise nous fera encore pas mal courir d'une scène à l'autre. Pour ceux que la douceur du Sud attire mais que la cohue rebute, on peut toujours leurs suggérer de prendre le pouls du This Is Not A Love Song à Nîmes (1er au 3 juin) ou du Primavera de Porto (7 au 9 juin) qui proposent chacun une tripotée de noms en doublon.