On n'a jamais donné assez d'amour à Joe Goddard (et c'est dégueulasse)
Est-ce que Hot Chip est sur une petite traversée du désert? D'aucuns diront que le dernier album solide du groupe anglais remonte probablement à 2015 - c'était Why Make Sense? pour ceux qui s'en souviennent. Ou est-ce que Hot Chip a été tout simplement supplanté par une nouvelle génération qui entrevoit l'electro-pop sous un prisme nouveau? On peut aussi le penser.
Ce qui est certain, c'est que quand le groupe anglais tutoyait les sommets, la contribution de ce gros nounours de Joe Goddard à son succès était constamment sous-estimée, pour ne pas dire ignorée. Cela ne l'a pas empêché de connaître une carrière solo très honnête, de mettre de futurs grands sous les projos via son label Greco-Roman (Tirzah ou Disclosure y ont fait leurs débuts) et d'avoir le privilège un brin douteux d'être repris par Kanye West sur Vultures ("Beg Forgiveness" est une interpolation de son tube de poche "Gabrielle").
On a l'impression de parler ici au passé, de célébrer les exploits d'antan d'un artiste complètement cramé, mais on vous rassure : on n'en a pas fini avec Joe Goddard, qui vient d'annoncer la sortie de son nouvel album Harmonics sur le label Domino. Preuve de la jolie cote dont bénéficie le bonhomme, on croisera sur le disque quelques invités de marque : Tom McFarland de Jungle, Hayden Thorpe (la voix des défunts Wild Beasts), Eno Williams de Ibibio Sound Machine, Alabaster dePlume et bien sûr quelques copains de Hot Chip.
On vous parlait un peu plus haut de l'influence de Joe Goddard sur Hot Chip, et celle-ci ne peut être plus évidente à l'écoute du single "Moments Die", qui parvient à trouver l'équilibre parfait entre mélancolie et euphorie et nous fait comprendre en 4 minutes chronique combien ce gentil monsieur est aussi un grand monsieur de la pop de notre siècle.