On ne va pas vous refaire le discours de la complexité du live à l’ère du covid, mais par contre, on est particulièrement intéressé par cette période d’entre-deux qui s’annonce. Entre vaccination, problèmes de mouvements internationaux et mutation du virus, il faudra encore quelques mois, peut-être quelques années, avant que la scène musicale puisse retrouver la possibilité de déplacements et de déroulements « normaux » - si tant est qu’elle le souhaite.
En attendant, il faut pourtant bien qu’elle vive, et puisque les conditions sanitaires et les décisions politiques permettent à des concerts de se dérouler, c’est un nouveau travail qui attend les programmateur·rices. Être capable de construire des événements cohérents dans le cadre sanitaire et légal actuel, c’est autant une gageure qu’une opportunité de création. Pour Arty Farty et leurs célèbres Nuits Sonores, il paraissait impensable de faire deux années de suite sans événement, comme c’est le cas pour la plupart des gros festivals français (Eurockéennes, Lolapalooza, etc). Petit tour d’horizon d’une programmation tout en souplesse.
Des têtes d’affiche francophones
Ce n’est pas une surprise pour les Nuits Sonores, qui termine souvent son édition (journée ou nuit) par l’éternel Laurent Garnier, et invite fréquemment des artistes de l’hexagone ou de Belgique dans la liste. C’est probablement la patte du festival que les habitué·es retrouveront à Lyon cette année : on y entendra Chloé, Jennifer Cardini, Bambounou, Lala &ce, Mézigue, UVB76, Ascendant Vierge... et parmi tous les autres, bien évidemment, Laurent Garnier. On sait pertinemment que la scène électronique française est d’une grande richesse, mais elle est moins noyée que d’ordinaire au milieu de dizaines et dizaines de noms internationaux.
Voir « plus petit »
Évidemment, quand on dit que NS2021 cherche à « voir plus petit », c’est très relatif, car c’est surtout l’occasion d’inviter des artistes qui n’engagent jamais des frais extraordinaires dans des tournées internationales, qui coûtent probablement moins cher à déplacer ponctuellement, et qui du coup remplacent toutes celles et ceux qui ont dû annuler par peur de ne pas rentrer dans leurs frais. Et si on est plus sur la partie découverte de la programmation, il n’en reste pas moins qu’on ne quitte jamais la partie qualité. Pour n’en citer que quelques-uns, on retrouvera NURI, Tunisien mais vivant au Danemark, le génial Abdullah Miniawy, ou les Italiens de Il Quadro Di Troisi. Là où on pouvait avoir peur d’une programmation purement locale et donc composée d’artistes qu’on aurait déjà vus plusieurs fois, il y a chaque jour de quoi nous rassurer.
Sortir de la techno
Il y a quelques semaines, il semblait qu’on ne ferait aucun concert debout cet été en France. C’est désormais caduc, mais on sent que la programmation a été faite dans ce sens. Si Nuits Sonores n’a jamais été l’empire du kick, et a toujours inséré de la variété dans la programmation, cette année ne sera pas celle de la rave absolue. Cela peut apparaître comme une déception pour certains·es, mais ce sera également l’occasion de voir Sébastien Tellier, Felicia Atkinson, le duo de Chloé avec Vassilena Serafimova, Tryphème, ou encore Lili Haz, et d’autres lives plus proches de l’ambient ou du jazz. Cela repose évidemment la question de la place de la techno, une fois de plus évincée de la reprise de la vie scénique, que ce soit en club ou en festival.
Profiter de l’ultra-local
Mais plus encore qu’une programmation centrée sur la France, l’édition 2021 propose une avalanche d’artistes issus de la région lyonnaise et de la région stéphanoise. Outre les classiques Umwelt et FLORE, on y retrouvera foule de Djs lyonnais·ses plus ou moins émergents, des déjà installés Labat ou P.Moore à d’autres qu’on a hâte de découvrir, comme Salma Rosa ou P errine.
Côté stéphanois, on aura la chance de retrouver le crew du Positive Education avec Jacques Satre et les Fils de Jacob, mais aussi des découvertes comme le très cool Gin Tonic Orchestra. Ce n’est pas une surprise de dire que la scène Rhône-Alpes est particulièrement dense, mais cela reste audacieux de confirmer qu’elle peut tout à fait constituer une partie du socle d’un festival de cette ambition.
Fractionner, décaler
Il est possible que d'aucuns voient cette édition 2021 dite « Hors-Série » comme une certaine déception par rapport au grand soir tant attendu de la teuf électronique. Et il est certain que Nuits Sonores a dû faire beaucoup d’ajustements. Fin des soirées à 1h, éclatement des concerts sur plusieurs lieux, etc. Mais si cela a été possible, c’est probablement parce que le festival est déjà un festival fractionné et habitué à une certaine souplesse dans l’organisation, tant en termes de répartition sur les différentes salles que sur la variété des événements proposés, entre l’outdoor gratuit, l’event one-shot, ou la classique nuit techno. Une belle preuve d’adaptation pour cette année, qui apporte avec elle le constat amer d’une impossibilité temporaire de revenir à 2019.