Matias Aguayo et son petit empire
Matias Aguayo restera comme un des grands bonhommes de cette fin d'année 2009. Même si on connaissait déjà le spécimen, on ne peut rester qu'admiratif devant une telle explosion ces derniers mois.
Il y a d'abord eu son "Walter Neff" volant bien au-dessus de la mêlée du Total 10 de Kompakt et puis ce fut le raz-de-marée Ay Ay Ay, un deuxième album à la personnalité explosive, un disque païen qui rallie à sa chapelle tous les rythmes du monde. On doit bien vous l'avouer, on ne pensait pas que les rencontres germano-latines pouvaient encore nous apporter autant de fraîcheur. Matias Aguayo ne ressemble à rien de connu et son identité est à chaque fois plus marquée. Ay Ay Ay, en effet, est un coup de force qui ni ressemble ni à Villalobos, ni à Gabriel Ananda, pas plus qu'à Loco Dice ou aux autres habitués de ce type de métissages. Ici il n'y a pas de pulsation techno, pas de samples trop directement exotiques. Aguayo donne plutôt le sentiment de prendre des chansons, des vraies chansons des quatre coins du monde, et de les étirer à l'infini en en faisant ressortir un caractère rythmique des plus obsédants. Une façon de faire pas si commune qu'il n'y paraît et qui permet à Aguayo de rentrer dans le cercle fermé des plus grands : ceux dont on reconnaît un morceau en quelques secondes.
Preuve s'il en est qu'il veut s'inscrire dans la durée, le producteur d'origine argentine a aussi récemment crée son propre label, Cómeme. Et celui-ci fait déjà grand bruit un peu partout dans les milieux spécialisés. On y retrouve toute une ribambelle de latins décalés, tiraillés entre une violence sous-terraine proprement punk et un désir de communion tribal et rituel. Le résultat est étrange, sec mais surtout pas mental. Il se dégage au contraire l'image d'une procession très primitive et spontanée, d'une fête un peu dark mais très fraternelle.
On vous résume tout ça en quelques vidéos. Et retenez-bien, car en 2010 les noms d'Aguayo et Rebolledo vont fuser partout.