Massive Attack et ses concerts low carbon : coup de com ou solution d'avenir ?

"On n'ira pas à Coachella cette année. On y est allé une fois, ça suffit. C'est à Palm Springs. C'est un terrain de golf construit sur un désert, et qui ne fonctionne que par de l'arrosage continu utilisant l'eau publique."
Dans le monde des lives musicaux comme pour le reste, il est difficile d'attendre des consommateurs·rices de changer le système, et impensable de demander aux financiers·ères de vouloir le faire. C'est donc dans l'entre-deux, quand quelques motivé·es s'y attaquent parce qu'ils ne risquent rien - ou qu'ils s'en foutent, que les questions sont posées.
Massive Attack, c'est clairement un collectif qui ne risque rien, qui n'a plus rien à prouver, et qui peut se permettre d'expérimenter des systèmes de shows qui permettraient de rendre les concerts moins énergivores. La culture live, ce n'est pas un luxe qu'on pourrait couper en claquant des doigts, mais foutre 70 000 personnes au même endroit pendant cinq jours, c'est objectivement du délire.
Quelques mois après leur concert à Bristol, qui a eu lieu en août dernier, les chiffres tombent et sont radicaux : 70% de consommation de carbone gagnée sur la bouffe en coupant la viande et les produits laitiers, 90% sur les transports et les lights en faisant du tout électrique, etc. Une formule transposable à l'infini ?
Pas du tout, et le groupe a bien conscience, comme en témoigne leur refus d'aller jouer à Los Angeles : les événements avec beaucoup de public et les tournées internationales sont des murs infranchissables. Alors, un coup de communication ? Clairement, mais probablement pour la bonne cause. Créer l'habitude, poser les questions à haut niveau, puisqu'on parle quand même d'un groupe et d'événements majeurs, c'est une des façons d'amener la question écologique sur le débat public. Et contrairement à ce qu'on pourrait penser, le lieu du concert est une parfaite occasion de politiser le sujet du carbone, puisqu'il recrée à une petite échelle très concentrée tous les problèmes qu'une société capitaliste rencontre à grande échelle.
Finalement, le véritable geste de Massive Attack, ça n'est pas le live avec peu d'émission, c'est le refus d'aller délocaliser ce concert à l'autre bout du monde, a fortiori à Coachella. La solution, on la connaît, et vous la pratiquez probablement déjà comme nous : inverser le rapport de force entre des gros artistes qui tournent beaucoup et des petits artistes jouant localement. Pas obligé d'aller jouer à Los Angeles deux fois par an, ou même tous les ans, et pas obligé de voir Massive Attack quinze fois dans sa vie.