On surveille Mahalia depuis son passage très remarqué par la case Colors, où elle nous avait lâché un « Sober » aussi efficace que suave - raison pour laquelle le R&B se devait de miser sur l’artiste. Rares sont ceux qui parviennent à sortir leurs productions aux inspirations lounge d’une anesthésie sans forme et sans vie. Fouillez quelque peu dans la discographie des grands noms, même Sampha ou Solange, et vous verrez que vous trouverez bien à vous emmerder. Une ligne d’horizon plus fade qu’un trop grand col de bière.
D’origine britannique, on a pu apercevoir la jeune chanteuse aux côtés de certaines pointures comme notre amie Little Simz, parce qu’il faut le préciser, sa carrière n’en est pas à ses balbutiements avec une flopée de maxis derrière elle. Restait à trouver le bon moment de briller. Et Mahalia vient de taper coup sur coup pour un enchainement gagnant.
Son dernier single en date, « I Wish I Missed My Ex » combine autant la nu-soul qu’on adore aux rythmes R&B nineties dont on se souvient avec une nostalgie émue, sans jamais céder au plaisir coupable – comme encore dernièrement avec le "No Scrubs" de Jorja Smith. Le fond de la production y dresse un lit mélodique très actuel, duquel surgit quelques cuivres, quelques guitares, venus de cette époque lointaine et lumineuse, dans une dynamique pleine de vie.
Peu de temps avant, Mahalia s’était posée dans une ballade des cœurs brisés qu’on connaît si bien : bandana sur le crâne, chaleur d’appartement en soirée, regard par la fenêtre. Et pourtant, les années 90 ne sont là que par transparence. La joaillière reste carrée sans répéter la recette de mamy Brandy: le son s’épure, la voix prend plus de virages, le tout sur une ligne directrice distinguée – beaucoup moins pop machine à cash.
Il faut donc écouter Mahalia, et il faudra surtout tenter de la croiser cet été au Couleur Café le 29 juin et à l’Afropunk le 14 juillet.