Philip Glass occupe une place particulière dans l'histoire de la musique: adulé pour sa créativité à l'intérieur du mouvement minimaliste et pour la place qu'il a su donner à la pop dans des orchestrations plus classiques, il est fréquemment décrié pour avoir enrichi ce même lien. Cette étiquette d'impureté que la culture classique ou contemporaine lui attribue parfois semble néanmoins d'une vraie incohérence: Philip Glass est un compositeur fondamentalement pop, et s'il serait absurde de lui prêter l'hermétisme des attributs d'un nouveau Mahler, il serait tout aussi absurde de lui refuser une certaine complexification et un certain développement de toute la musique populaire actuelle.
L'Américain, désormais âgé de 81 ans, va le prouver une nouvelle fois, en achevant sa trilogie symphonique liée à David Bowie. En 1992, Glass créa une pièce inspirée de l'album Low, en hommage au premier album de la trilogie berlinoise que Bowie composa avec Brian Eno. Le projet avait été créé en partenariat avec Bowie et Eno, qui avaient dès le départ été très intéressés par la mise en symphonie de la trilogie.
Quatre ans plus tard, en 1996, il poursuivait ce travail avec une symphonie tirée de Heroes, et qui eut un grand succès à l'époque. On ne peut s'empêcher de se rappeler la très belle synthèse qu'Aphex Twin avait réalisé du morceau-titre en replaçant la voix de Bowie sur la musique de Glass.
C'est désormais au tour de Lodger d'être adapté, afin de compléter cette magnifique série en hommage à son auteur, décédé il y a maintenant deux ans. La partition est terminée, et sera créée à Los Angeles puis à Londres en 2019. On attend avec impatience de voir ce que Glass fera d' "African Night Flight", déjà très proche de l'opérette cybernétique...