Light In The Attic annonce trois nouvelles rééditions de Lee Hazlewood
En préparant cet article, ne me demandez pas pourquoi, je me suis aperçu que Lee Hazlewood partageait de nombreux points communs avec... Chuck Norris. De part leur naissance au milieu des bisons de l'Oklahoma, le port fier de la moustache et du Stetson, l'amour canin, l'affiche avec de belles blondes, les deux Ricains auraient pu incarner la bannière étoilée dans ce qu'elle a de plus plouc et bouseux (ce qui est sans doute vrai pour ce bon vieux redneck de Chuck, beaucoup moins pour Lee) et peuvent chacun se targuer d'avoir atteint un statut d'artiste culte sur le tard. Mais la comparaison s'arrête quand l'un choisit de devenir maître en arts martiaux et en punchlines pendant que l'autre redonne ses lettres de noblesse à une country music qu'il élève à un niveau que peu ont atteint.
Mort en 2007, Lee Hazlewood ne goûtera malheureusement que peu de temps à la reconnaissance qu'il méritait. Toute sa vie, il souffrira d'un manque de considération de la profession et d'une image injuste d' "anti star-system" un peu bourru - le bouseux de l'Oklahoma donc. Pourtant son CV parle pour lui. D'abord producteur très prolifique dans les 50's très rock'n'roll, il travaille dans l'ombre des stars de l'époque (Duane Eddy notamment) avant d'entrevoir la lumière grâce à son célèbre duo avec Nancy Sinatra.
Dès le milieu des 60's, il signe également ses premiers albums qui déjà préfigurent le style Hazlewood par des arrangements délicats, l'utilisation de cordes, une écriture léchée, un humour certain et un incroyable timbre de voix. Mais le succès lui tourne le dos et le moustachu décide de s'exiler en Suède où il continuera son travail de sape jusqu'à la fin des années 70 en signant quelques chefs d'œuvres inclassables naviguant entre pop, country et folk (A House Safe For Tigers, Cowboy In Sweden, Requiem For An Almost Lady...) mais qui resteront lettres mortes aux States.
Plus ou moins rangé des bagnoles, de retour en père peinard aux États-Unis et alors qu'il affiche déjà plus de soixante piges, la décennie 1990 voit étonnement arriver de nombreux admirateurs de la carrière de Lee avec en tête Nick Cave, Beck et surtout les Sonic Youth Kim Gordon et Steve Shelley. Ce dernier réussit même à convaincre Hazlewood de rééditer son œuvre. Ce n'est alors que le début d'un long cycle de redécouvertes de ses nombreux albums qui permettront enfin de placer Lee Hazlewood au centre de l'histoire de la country et de la musique du XXième siècle.
Depuis 2012 et la sortie de la compilation LHI Years, c'est la maison Light In The Attic Records qui a repris l'héritage. Le label remonte aujourd'hui le temps avec cette fois trois albums gravés par Lee Hazlewood aux USA pour la firme MGM entre 1966 et 1968, juste avant son exil donc : The Very Special World Of, Its Cause And Cure et le jazzy Something Special. Même si les trois albums valent sévèrement le détour, on recommande particulièrement le premier cité, mélange de tubes imparables ("These Boots Are Made For Walkin'", "My Baby Cried All Night Long"...) et de perles beaucoup plus délicates ("Your Sweet Love", "My Autumn's Done Come"...). Un vrai grand disque.
La sortie de ces trois rééditions est annoncée pour le 11 décembre et les disques en CD ou LP sont déjà en précommande sur http://www.lightintheattic.net/. Idéal sous le sapin pour un Noël réussi.