John Coltrane n’était pas un génie précoce de la trempe d’un Mozart ou d’un Liszt, son chemin à lui fut long et son travail acharné pour devenir leur égal dans l’histoire du jazz. Le saxophoniste n’est d’ailleurs plus un jeune premier quand il enregistre en 1957 - à 30 ans bien tassés - son premier album en leader. Avant cela, Coltrane a pourtant déjà gravé de passionnants solos, et c’est ceux-là qu’entend faire revivre le florilège Another side of consacré à ses débuts en tant que sideman ; des débuts qui s’étendront jusqu’au tournant des années soixante, poliront le joyau Coltrane et préfigureront ses miracles à venir (Giant Steps, Olé, A Love Supreme,…).
Rendre compte et compiler ainsi une décennie au service des autres n’étaient pas choses aisées mais le label Craft Recordings s’en sort avec les honneurs. Le tracklisting met évidemment en lumière ses collaborations avec Miles Davis, Sonny Rollins (l’unique mais indispensable « Tenor Madness ») et Thelonious Monk, mais il ne néglige pas pour autant les piges qu’effectua Coltrane pour le compte de musiciens moins illustres comme Red Garland, Tadd Dameron (magnifique « Soultrane ») et le batteur Art Taylor.
Toutefois, un troisième disque (ou un peu plus d’hétérogénéité) n’aurait sans doute pas été de trop pour témoigner de ses associations passionnantes mais souvent négligées avec Dizzy Gillespie (Dizzy Gillespie), Paul Chambers (Whims of Chambers), Mal Waldron (Mal/2), Cecil Taylor (Hard driving jazz) ou Wilbur Harden (Tanganyika Strut). C'eût été là une véritable plus-value. Regrettable aussi l’absence de « Flamenco Sketches » tiré du cultissime Kind of Blue, sans conteste l’un des plus beaux solos de Coltrane. Another Side of demeure néanmoins une jolie immersion dans l’univers (pré)coltranien et régalera le néophyte, sa cible. Sortie prévue le 20 août, et pré-commande à cette adresse.