Big Budha Cheez
Epicerie coréenne
Avec Epicerie Coréenne, Big Budha Cheez gagne sa place - à défaut de gagner des milliers d'euros - au rang des duos les plus singuliers du rap français, aux côtés de Butter Bullets et Triplego. L'heure des loups, leur premier album sorti en 2016, avait déjà montré l'attachement, voire l'obsession, des Montreuillois pour l'esthétique du New-York des années 90 : pour rappel, le disque avait été entièrement enregistré sur bandes analogiques, Waly y sonnait comme un Ill de bonne humeur et le flow nasal de Fiasko Proximo parvenait à évoquer celui du regretté East. Ici, le binôme passe à l'étape supérieure en injectant une dose de psychédélisme à leur boom bap d'ayatollah. Fiasko raréfie ses prises de micro pour se concentrer sur les machines, avec bonheur : ses plages instrumentales, "Belle mer" et "Jack n'a qu'un oeil", constituent peut-être les deux plus jolies pistes de l'album. Prince Waly, lui, continue de déballer ses références à la mafia et à la pop culture avec le charisme qu'on lui connaît - quoique ses textes soient un poil moins personnels que ceux de Junior, superbe EP solo produit par Myth Syzer sorti en 2016. S'il manque peut-être à Epicerie Coréenne un moment particulièrement fort, l'approche acoustique et artisanale de BBC est tout à fait salutaire dans un rap français aujourd'hui dominé par les MHD, Naza et autres Vegedream. Même si on doute que la plaque des Montreuillois atterrisse un jour sur l'enceinte de Kimpembe.
Morceau de choix : www.youtube.com/watch