Avec 63 années au compteur, le NME (pour New Musical Express) est ce que l’on peut appeler sans exagérer une institution. Mais une institution qui, comme de nombreux autres grands noms de la presse écrite, a bien eu du mal à digérer le raz-de-marée numérique. A la lecture des derniers chiffres de vente, qui sont sous la barre des 20.000 exemplaires, d'abord. A la lecture de cette news ensuite, publiée aujourd’hui sur le site et qui nous annonce qu’à partir du mois de septembre, le magazine deviendra gratuit et sera tiré à 300.000 exemplaires qui seront distribués un peu partout sur le territoire. 300.000 exemplaires, c'était le tirage du magazine à l'apogée de son succès, quand il se livrait une guerre impitoyable avec le Melody Maker, disparu il y a 15 ans.
Le NME tel qu’on le connaissait est donc mort. Il est mort parce qu’en optant pour un format gratuit, la qualité éditoriale risque d'en pâtir. Soyons clairs : si les plumes étaient encore bonnes et les nez parfois creux, l'influence sur le music biz et la conscience des masses britanniques s’est fait la malle à peu près au moment où la Britpop a commencé à crever la gueule ouverte. Il y a un petit temps, donc.
Le NME est mort parce que même si la musique restera au cœur de sa ligne éditoriale, celle-ci s’ouvrira à d’autres univers (« film, fashion, television, politics, gaming and technology »), comme pour mieux enfoncer la tronche de la presse musicale dans son caca tout mou. La musique dans un magazine, c’est comme la musique dans un festival, c’est secondaire.
Quoi qu'il en soit, la décision annoncée aujourd’hui n'est pas vraiment propice à l’optimisme. D’ailleurs, en annonçant une transformation vers un meilleur positionnement sur le numérique, dont le lectorat passe le plus clair de son temps sur le web, l’article vers lequel on renvoie plus haut pue la défaite.
Pleurer la disparition du NME dans sa forme historique, c’est un peu comme s’indigner de l’arrêt des Guignols de l’info. C’est en quelque sorte célébrer une gloire passée et encourager la perpétuation d'idées et de points de vue qui n’intéressent plus grand monde, si ce n’est quelques milliers d’ados qui pensent encore que Noel Gallagher est un type pertinent ou que Palma Violets va sauver le monde. Et si on passait à autre chose?
Terminons malgré tout sur une petite note de nostalgie, avec ce titre de Primal Scream paru sur la légendaire compilation K7 C86, quand le NME donnait le ton et faisait (et défaisait) des carrières.