Le C.U. Festival: la bonne idée sortie du weekend ou le festival de trop ?
A Liège, ça ne manque pas d'initiatives et d'événements culturels. La multiplication des projets s'est d'ailleurs faite encore plus ressentir ces dernières années avec l'ouverture de nouveaux musées, de nouvelles salles d'expo et de concerts. C'est dans cette nouvelle dynamique, pas freinée pour un sou par la non-attribution du titre de Capitale Européenne de la Culture 2015, que s'est créé le C.U. Festival, cette fois-ci définitivement affranchi des Connexions Urbaines.
La culture à tout prix, en masse et à petit prix, voilà ce que propose cette édition 2015 du C.U. Festival, qui tente d'embrasser le spectre le plus large possible des arts, aux quatre coins de la ville. On y retrouve, en vrac: des concerts en salle, des concerts sauvages, des soirées electro, un marché vintage, de la natation synchronisée (???), des lectures de textes, des performances, des projections vidéos ainsi que des conférences, rencontres et autres tables rondes. Par ici pour le programme complet.
Ce melting pot culturel s'entrecroise sur quatre jours, à partir de ce jeudi. A défaut de qualité (y'a des bons trucs hein, qu'on ne s'y trompe pas), la gérance mise clairement sur la quantité de l'offre, chargeant jusqu'à saturation une affiche qui sert aussi de tribune et de mise en valeur de certains services culturels de la ville dont l'utilité reste toujours à prouver, comme Ça Balance, dont 70% des groupes présents sur les compilations n'ont aucun avenir. D'un concert sauvage de La Jungle dans un lieu encore tenu secret, on passe à une lecture de textes de Bukowsky à la Brasserie C, en enchaînant sur des installations de fresque Rue des Aveugles et une volée d'inaugurations/after party/rencontres en tous genres.
Si l'initiative est louable et réservera certainement son lot de bonnes surprises et de beaux moments, on peut aussi en vouloir à cette tendance irritante de vouloir construire un événement autour d'un simple acte de vie: manger un sandwich sous un arbre devient un picnic urbain et craquer des canettes avec ses potes dans un parc s'appelle maintenant un apéro urbain.
Au vu des enjeux, le C.U. Festival n'a pas intérêt à se planter. La Ville et la Province de Liège soutiennent le projet, au même titre que certains partenaires commerciaux dont on se demande la pertinence de leur présence - qui aura envie d'ouvrir un compte chez Belfius après avoir acheté son pass? Ces parrainages ont évidemment rendus l'initiative possible, tant au niveau logistique que financier. Il suffit de se poser la question: qui peut se permettre de faire fermer la Place du XX Août pour y installer un vide grenier, hormis les instances compétentes ?
Le C.U. Festival se veut un parcours créatif au cœur de Liège, centré sur la musique, l'échange et la diversité. L'initiative est louable mais laisse malgré tout un arrière-goût de conformisme bobo, augmenté d'une solide dose d'institutionnalisme local et d'auto glorification liégeoise. Une habitude qui devient dangereusement la norme en Cité Ardente.
Mais bon, on joue les pisse-froids alors que l'évènement n'a même pas débuté. Alors on ira y faire un tour, histoire de confirmer ou infirmer nos dires. Et si vous êtes de passage par Liège, ne loupez pas les concerts de It It Anita, C.A.R., La Jungle et Solids. Vous voilà prévenus.