Katy B ou le chant du cygne du dubstep?
La chronique du dernier album de Magnetic Man parue il y quelques jours sur Pitchfork contient quelques phrases assez hallucinantes de bêtise – notamment lorsque le rédacteur compare la soupe du trio Benga/Skream/Artwork au Orchestra of Bubbles d'Apparat et Ellen Alien ou qu'il descend en flammes le Diary of an Afro Warrior du même Benga. Par contre, le texte s'ouvre sur un paragraphe redoutable de perspicacité et qui résume à lui seul la situation assez contradictoire dans lequel se trouve le dubstep aujourd'hui. On vous copie/colle la chose de ce pas:
Dubstep in 2010 is in a similar position to drum and bass a decade ago: stylistically full-grown and perhaps exhausted, its experimental wing drifting into other niches while the remaining core wonders whether the music has already peaked. It's the perfect moment in which to launch an assault on the charts: liberated from any drive for formal innovation, and whittled down to a simple and recognizable repetitive groove formula, dubstep can now inhabit a variety of pop guises while avoiding the identity crisis such moves would have provoked five years ago.
Evidemment, cette orientation pop(uliste) et commerciale n'est pas toujours du goût des fans de la première heure qui voient là une certaine forme de trahison. Mais ceux-ci vous diront aussi que l'underground fourmille de nouveaux cadors qui se feront un plaisir de prendre la place des hérauts d'antan et qu'il reste bien évidemment quelques valeurs sûres pour empêcher le genre de tomber complètement du côté obscur de la force.
Mais cette inévitable percée dans les charts est aujourd'hui une évidence, et l'une des figures de proue de cette évolution est une jeune fille se faisant appeler Katy B. Il y a quelques semaines, nous vous disions tout le mal que l'on pensait d'elle alors qu'elle posait sa voix sur la version 2.0 du "Man on a Mission" de Benga, un titre qui a fait un carton outre-Manche, au même titre que son apparition sur le "As I" de Geeneus, boss de la radio mythique Rinse Fm et lui aussi grand amateur de la demoiselle. Aujourd'hui, Katy B apparaît à peu près sur tout ce qui a vocation à devenir le dubstep pour méga-clubs en 2010, à savoir un fourre-tout un brin putassier où l'on retrouve en vrac wobbles, sonorités 2 step/garage, beats empruntés à la house et relents d'eurodance. Pour vous faire une idée plus précise, on vous renvoie d'ailleurs à la mixtape réalisée par le Geeneus susmentionné et disponible gratuitement sur le site de The Fader.
Evidemment, avec ce genre de mélange (mélasse diront certains), la frontière entre productions distinguées et musique de kékés décérébrés devient très faible – même si on sait nos voisins anglais assez amateurs de ce genre de friandises ultra-sucrées. Si le débat fait rage au sein de la rédaction (et de la communauté dubstep) quant à la légitimité et l'utilité de ce genre de sons aujourd'hui, on se limitera pour le moment à dire que comme pour tout, il faut séparer le bon grain de l'ivraie et consommer tout cela avec modération.
Et tout ça pour quoi finalement? En fait, juste pour vous dire que Katy B vient de signer sur la major Columbia, qu'un album devrait débarquer dans pas trop longtemps et que ça devrait faire un carton (au moins) outre-Manche. Et si cette news était plutôt chargée en informations, on n'en pour ainsi dire aucune sur ce premier effort. Juste la légère impression que ça ne va pas faire dans la dentelle et que quelques "vendus" du dubstep pourraient bien y faire leur apparition.