Joie immense : un documentaire dédié à Organized Noize arrive sur Netflix
Ces derniers temps, le documentaire musical a retrouvé ses lettres de noblesse auprès du grand public - et le large succès d'Amy au box office n'y est sûrement pas étranger. En grands consommateurs de musique, on ne peut naturellement que s'en réjouir : la dernière fois qu'on a vraiment parlé du genre ici, c'était pour aborder Un jour peut-être, le documentaire consacré à la scène rap alternative (sic) française. Un film qui est resté sur les étagères pendant trois ans avant finalement se retrouver sur les plateformes de streaming - alors qu'une sortie DVD était prévue.
Une triste issue pour un documentaire un peu maladroit, au contenu plutôt faiblard, surtout si on a suivi cette scène, ne serait-ce que de loin. Dire que l'objet nous a laissé sur notre faim est donc un euphémisme, puisqu'on a eu aucun mal à prendre parti pour de Fuzati au moment où celui-ci avait été accusé par les réalisateurs de Un jour peut-être d'avoir sabordé la sortie du documentaire. "Tout ça pour ça" comme dirait l'autre.
Pour ceux qui n'auraient pas encore vu ledit documentaire, ils peuvent se faire leur propre opinion ci-dessous :
Soucieux de répondre à une demande en augmentation, Netflix n'a eu cesse d'intégrer à son catalogue de plus en plus documentaires musicaux. Mieux encore : le géant américain du streaming commence à s'offrir des exclusivités de qualité grâce à sa boîte de production. On peut notamment citer l'excellent What Happened Miss Simone?, signé Liz Garbus intégralement dédié à Nina Simone. Un documentaire complet où l'on parle de ses rapports compliqués (et violents) avec son mari et manager Andy Stroud, de sa contribution au mouvement black power, de son rapport à l'Afrique ou de ses problèmes de bipolarité.
Tout ça complété d'une occasion unique de passer en revue quelques uns de ses plus beaux morceaux afin d'illustrer chaque moment de sa vie, à l'instar de ce "Ain't Got No, I Got Life" en live à Londres, tout en retenue et en puissance. Un vrai bijou qui justifie à lui seul le visionnage du documentaire.
Restons néanmoins sincères : cet exercice reste toujours plus aisé lorsqu'il se porte sur la vie de personnalités majeures (et connues) du monde de la musique. Il faut par exemple accepter qu'un documentaire dédié à Michael Jackson aura toujours de succès qu'un autre qui serait dédié à Quincy Jones, l'homme de l'ombre sans qui Thriller n'aurait jamais été le succès trans-générationnel qu'on connaît tous. C'est triste mais c'est comme ça : les éminences grises fascinent peu de monde, une fois sorti d'un cercle restreint d'initiés.
Que Netflix choisisse alors de produire un documentaire entier à Organized Noize, l'un des plus éminents trio de producteurs d'Atlanta qui a rendu mille-et-un services à de gens allant d'OutKast jusqu'à Cee-Lo Green pour les plus connus, on se dit que l'entreprise est on ne peut plus casse-gueule. Et ça, encore plus si la chaîne de VOD s'attend à faire le même succès qu'avec le documentaire cité plus haut.
N'empêche qu'ici, on a plutôt tendance à accueillir ce genre d'initiatives les bras grand ouverts : on fera partie des premiers le 22 mars prochain à dévorer The Art Of Organized Noize, le film dédié intégralement à l'héritage musical de Rico Wade, Ray Murray et Sleepy Brown sur la scène rap d'ATL et qui sortira sur Netflix. Un documentaire forcément bienvenu, puisque toute cette période allant de la deuxième moitié des années 90 jusqu'à la première moitié des noughties demeure relativement mal documentée, à l'exception d'un article copieux et passionnant signé Vibe (ici intégralement retranscrit).
Une méconnaissance qui s'assortit aussi de la difficulté d'accès aux albums produits par le trio : trouver des liens encore valides vers quelques-uns des plus éminents albums de la Dungeon Family, c'est une quête qui se juge non pas en heures mais bien en semaines de recherche. Une recherche pas avare en trésors certes, mais qui risque de vous abîmer lourdement la rétine avant de pouvoir vous soulager les oreilles (d'ici à ce que l'on vous consacre, un jour peut-être, une sélection complète de leurs must-have).
Bref, autant d'arguments qui font qu'il nous tarde vraiment de découvrir cette curiosité et encore plus quand on voit son chouette casting d'intervenants : Big Boi, Metro Boomin, Ludacris, 2 Chainz... Et bien évidemment Future, le cousin de Rico Wade, dont la carrière a aujourd'hui une bien meilleure gueule qu'à l'époque où il se faisait appeler "Meathead" au sein de Da Connect.
Un Future qui était d'ailleurs de passage ce week-end sur le plateau de SNL pour un petit live :